Une déconstruction/reconstruction raisonnée de la salle des fêtes de Cléguérec (56)

Infos pratiques

Adhérent depuis 2009
Maire : Marc Ropers
Adresse : 10 Place Pobeguin, 56480 Cléguérec, France
Téléphone : 02 97 38 00 15
Nbre d’habitants : 3003
Superficie : 63 km²
Intercommunalité : Pontivy communauté
www.cleguerec.fr
Contact BRUDED : Cécile Jamoneau

Autres expériences de Cléguerec

Face à la vétusté et à l’inadaptation de sa salle des fêtes aux besoins actuels et futurs, Cléguérec engage un vaste chantier comprenant deux grandes étapes : un chantier de déconstruction raisonnée – inscrit dans une logique de réemploi et de valorisation des matériaux – puis la construction d’un nouvel équipement moderne dédié à la culture et aux festivités : une halle des fêtes dénommée Festiv’Halle.

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Cléguérec, commune de 3000 habitants en Centre-Bretagne (entre Rostrenen et Pontivy), est connue pour son dynamisme culturel et festif, qu’il soit porté par le centre culturel municipal Perenn ou par les nombreuses associations et compagnies artistiques. Sa salle des fêtes, érigée dans les années 1990, est largement utilisée par le centre culturel Perenn et par les associations pour la création, l’organisation et l’accueil de spectacles et de manifestations culturelles et festives. Pourtant, elle ne répond plus aux exigences actuelles : isolation, accessibilité, installations vieillissantes… De plus, elle connait un incendie en 2009, des fuites au nouveau des toits plats qui ont nécessité des dépenses importantes et l’éclosion d’un « sentiment de mettre des pansements ». Le constat est sans appel : il faut s’en occuper.

Rénovation versus déconstruction/reconstruction

La commune fait procéder à un diagnostic complet comprenant plusieurs audits (patrimonial, énergétique, structure …) qui révèlent la difficulté d’atteindre via une rénovation la performance thermique escomptée. De plus, repartir de zéro semble évidemment plus simple et permettrait de déplacer le bâtiment enfin d’optimiser l’utilisation du site, de repenser les usages tout comme de laisser libre cours aux architectes pour proposer un bâtiment plus adapté aux usages d’aujourd’hui et de demain.

Les usages ont changé, il faut qu’on conçoive une salle qui va encore durer 30 ans et se projeter.

Marc Ropers, maire

De plus, une étude comparative entre les scénarios de déconstruction et de rénovation permet de se rendre compte que financièrement il y a moins de 10% d’écart entre les deux. Plutôt que de procéder à une rénovation d’envergure et couteuse, Cléguérec opte alors pour une déconstruction/reconstruction.

Une déconstruction sélective et responsable

Parmi les nombreux audits effectués, l’un d’entre eux porte sur les déchets (quantification et qualification) pour pouvoir demander des devis liés à la déconstruction. Celui-ci s’avère révéler en outre ce qu’il pourrait être réutilisable : l’idée d’une déconstruction sélective éclot. Effectivement, plutôt que de choisir une démolition classique, la municipalité opte pour une déconstruction sélective entamée au cours du premier semestre 2025, avec l’ambition de limiter au maximum les déchets envoyés en décharge. Les éléments du bâtiment sont triés en fonction de leur nature et de leur état pour être réutilisés tels quels et/ou recyclés sur place ou dans des filières spécialisées. Cela comprend 3 façons d’agir :

1/ La dépose sélective des éléments réutilisables. Pour cela, les services municipaux identifient ce que la commune pouvait récupérer (un grand frigo pour la cantine, un faux plafond pour réparer un dégât des eaux, un stock de matériel électrique). La commune organise également deux portes-ouvertes afin que les habitants et les entreprises locales puissent faire des repérages et des pré-réservations d’éléments qui seront correctement démontés pour leur permettre une seconde vie (urinoirs, lave-mains, cuisine, garde-corps) vendus à petits prix (au total 3000€ seront collectés via cette vente).

Les personnes intéressées par le parquet et les ardoises sont venues elles-mêmes les démonter pour les récupérer. La cuisine est partie en container pour un projet humanitaire au Cameroun. Les gradins, que les élus auraient imaginés attractifs, ont du mal à trouver acquéreurs car ils ne sont pas adaptés à une installation en gradins rétractables, ce qui est plus courant et recherché aujourd’hui.

2/ Le tri des matériaux (béton, bois, métal, plâtre…) : chaque type de matériau est séparé pour être envoyé vers des centres de recyclage agréés. Il a donc fallu mobiliser les entreprises, sélectionnées pour leur ouverture en matière de déconstruction sélective. Daniel Nicol, DGS, conseille d’ « anticiper le choix des entreprises afin qu’elles puissent de leur côté avoir le temps de trouver leurs filières de traitement». En outre, si la plupart des entreprises se montrent réceptives à la demande, elles peuvent avoir tendance à se prémunir d’un surcoût lié à la dépose attentionnée en surévaluant leurs devis. La commune a fait le choix des entreprises présentant le plus de souplesse.

3/ La valorisation sur site : une partie des gravats sera utilisée en remblais de la nouvelle halle des fêtes, réduisant ainsi les transports.

Au final 98.9% des déchets ont trouvé une issue (réemploi, filière de recyclage, réutilisation sur site) : sur un volume total de déchets de 2500 tonnes, la déconstruction de la salle des fêtes a généré seulement 27 tonnes de déchets industriels banals (DIB) non recyclables destinés à l’enfouissement ou à l’incinération.

Ce processus a donc nécessité une planification minutieuse, en lien avec les acteurs du bâtiment et les filières de traitement. Il a aussi permis de sensibiliser les habitants et les usagers aux enjeux du réemploi

Daniel Nicol, DGS

Un nouveau bâtiment en économie circulaire

49 candidats à la maîtrise d’œuvre répondent à l’appel d’offre émis et 4 sont retenus. Il leur est demandé de remettre une intention architecturale rétribuée à hauteur de 3000€, présentée lors d’une audition. La conception du nouvel équipement est ainsi confiée à Bohuon Bertic Architectes qui séduit avec sa proposition esthétique intégrant une halle comme idée centrale ; initiant ainsi les prémisses de la dénomination et de l’intention du futur bâtiment : la Festiv’Halle. Cette halle des fêtes, dont la construction doit débuter fin 2025, est donc conçue comme un équipement polyvalent et évolutif, en phase avec les attentes des habitants et des associations. Elle accueillera aussi bien des événements festifs que des manifestations culturelles, associatives ou institutionnelles. La modularité des espaces permettra d’adapter les configurations aux différents usages.

Elle est en outre imaginée selon la démarche « cradle to cradle », littéralement « du berceau au berceau », en opposition modèle linéaire classique « cradle to grave » (du berceau à la tombe) basé sur l’idée d’extraire, fabriquer et jeter. C’est une philosophie d’éco-conception et d’économie circulaire portant sur cinq critères fondamentaux : la non-toxicité des matériaux, la circularité (biodégradabilité ou recyclabilité), l’utilisation d’énergies renouvelables, la gestion responsable de l’eau, et le respect des normes sociales.  Ainsi, le choix des matériaux de construction, l’efficacité énergétique du bâtiment et les aménagements extérieurs seront pensés dans le même esprit : limiter les impacts, favoriser le durable, et proposer un équipement adapté aux générations futures.

Éléments financiers

Le coût total du projet est évalué à 3,9 M€ (à noter que la qualité du bâtiment n’a pas amené plus de subventions en dépit des annonces politiques concernant le soutien aux équipements de qualité).

  • Le projet bénéficie toutefois d’une aide exceptionnellement reconduite d’une année supplémentaire de la part du Conseil départemental du Morbihan sur la base du maintien à la vie culturelle : 800 000€.
  • Pontivy Communauté apporte son soutien via son fonds de concours : 200000€, comme la Région avec le dispositif Bien vivre partout en Bretagne : 106000€
  • Enfin, ni l’Europe ni l’État, comme escompté au départ, ne participent à ce projet malgré le fait que cet équipement soit considéré comme structurant au territoire.
  • Pour accompagner le projet, la commune lance en parallèle une campagne de mécénat, permettant aux habitants, entreprises et associations de contribuer au financement de la future salle (voir la page-expérience dédiée)
Rédigé en octobre 2025

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