Hervé Louarn, conseiller délégué aux mobilités à Landéda (29)
Landéda est une commune littorale très attractive située à une trentaine de kilomètres au nord de la métropole de Brest. Elle s’est engagée à initier des actions en faveur des mobilités douces et partagées.
Nous avons posé des questions à Hervé Louarn, conseiller délégué aux mobilités de Landéda au sujet des choix effectués en matière de mobilité.
Décrivez le contexte des mobilités sur la commune de Landéda
Commune de 3 700 habitants permanents (et 12 000 en été), elle appartient au bassin de vie du Pays de Brest dont Brest métropole constitue le premier bassin d’emplois. Les déplacements « domicile – travail » ou de vie quotidienne se caractérisent par la circulation de 12 000 voitures /jour sur la RD13 à destination de Brest avec un taux de remplissage moyen de 1,07 personnes par voiture. En été, l’accessibilité aux ports, centre bourg, espaces naturels, plages et communes voisines est stratégique et les flux de circulation automobile, piéton et cyclable sont à concilier…
Quelles sont les motivations des élus et les points forts menés par eux ?
En premier lieu, c’est un choix politique fort de porter la compétence « mobilité » à l’échelle communale car elle n’est pas obligatoire. Les motivations politiques pour cela sont multiples :
- Aider les ménages à supprimer une voiture ou minimiser son utilisation
- Lutter contre la précarité de mobilité pour les plus vulnérables dont les personnes âgées
- Fournir une solution de déplacement autonome pour les jeunes (scolaires)
- Orienter et faciliter les flux de déplacement vers les transports collectifs
- Limiter l’emprise de la voiture dans les aménagements urbains
- Décongestionner les axes routiers et abaisser la facture d’entretien des voiries
- Protéger l’environnement en diminuant la pollution atmosphérique
C’est bien la prise de conscience de tous ces enjeux qui a amené la création d’une délégation municipale à la mobilité et à l’écriture d’une politique ad’hoc sur la commune. Cela a également conduit à soutenir la prise de compétence mobilité par la communauté de commune du Pays des Abers.
Quelles actions avez-vous mis en place au cours du mandat ?
Au préalable, il a fallu se former à l’histoire de la mobilité, comprendre les forts enjeux psychologiques et affectifs autour de la voiture et de l’autosolisme puis s’imprégner de ce que d’autres collectivités avaient déjà fait.
Concernant les actions à mettre en œuvre, nous avons compris que stratégiquement, il y avait deux dimensions à travailler en parallèle : un volet technique (les équipements et aménagements) et un volet animations (outils de sensibilisation et de partage avec les habitants).
Au vu de ce sujet éminemment complexe, nous nous sommes entourés d’un groupe d’élus et d’habitants qui soutiennent et alimentent le projet politique. Il est apparu clairement qu’il fallait soutenir l’apparition de tout un écosystème vélo : atelier participatif de réparation, association, loueur, magasin de vente et de réparation, animations vélo de type randonnées conviviales et la mise en place d’un accompagnement d’enfants vers les écoles (le « vélobus »). Nous avons ensuite interpellé plus fortement nos concitoyens sur les changements de pratiques nécessaires et… inéluctables.
Le volet technique est constitué des deux schémas directeurs communal et intercommunal (rayon de moins de 10 kms) et des réflexions autour des mobilités partagées (transports en communs et covoiturage), au-delà de 10 kms.
Le volet animations est réalisé par les associations locales (bourses aux vélos, journées portes ouvertes de l’atelier vélo) et par le relais des actions d’acteurs privés (loueur, vendeurs et réparateurs). Plusieurs fils de discussions/échanges numériques (Covoiturage et copédalage, Compagnons de route) ont été créés entre citoyens, élus communaux et différentes strates institutionnelles autour des questions de mobilités actives ou collectives.
Au final, les aménagements et équipements mis en place sont nombreux : 20 kms de « Ribinoù », voies aménagées et boucles familiales, arceaux, boxes fermés et places de stationnements, station technique au port à l’arrivée de la ligne 920 BreizhGo, « vélobus » pour les scolaires, expérimentations de covoiturage et aire multimodale (boxes vélo, arrêt cars BreizhGo et stationnement, aire de covoiturage)…
Comment la question des mobilités a-t-elle été abordée à l’échelle de la communauté de communes du Pays de Abers ?
Les besoins de déplacements ne s’arrêtent pas aux frontières d’une commune. Aussi, dès le début du mandat, des échanges se sont structurés entre conseillers délégués à la mobilité à l’échelle de cinq communes voisines et un groupe de discussion numérique à été créé.
À partir de 2020, la communauté de communes du Pays des Abers (CCPA) a pris la compétence mobilité en devenant une Autorité Organisatrice de Mobilité (AOM). Les réunions de travail ont permis de définir un plan mobilité suivant plusieurs axes :
- Le schéma directeur intercommunal des mobilités actives.
- Les services de mobilité à développer, dont la location de vélo longue durée et le soutien aux projets de covoiturage (via les réseaux sociaux, plateformes…)
- Le fléchage des fonds de concours pour réaliser les infrastructures et l’achat d’équipements.
Quel bilan faites-vous de cette politique menée sur le mandat ?
La commune a investi 730 K€ HT sur la période 2020-2026. Notre politique a été très bien subventionnée, à hauteur de 57% grâce aux fonds de concours de la CCPA, du Département du Finistère, de la Région, du fonds vert, des amendes de police ou encore de l’Europe.
Le mandat 2020-2026 a prouvé le bien-fondé de la politique mobilité qu’il faudra renforcer du point de vue de la gouvernance communale et intercommunale. Idéalement, cela se traduirait par la mise à disposition à temps plein de chargé·es de mission tant au niveau communal qu’intercommunal et la mise en place de commissions mobilités (plutôt que de simples groupes de travail). Ces orientations seraient à même de permettre l’ensemble des élus de mieux incarner la mise en œuvre des politiques mobilités du bloc local.
Nous devrons aussi renforcer le volet animation en faveur des changements pratiques. À ce stade et sur le mandat à venir, la plus grande difficulté est et sera de travailler en anticipation sur le modèle des déplacements à vélo qui demeure encore faible en milieu rural.
Mots de la fin…
C’est avec une boussole guidée par les évolutions au long cours auxquelles nous sommes soumis dans un monde fini sur les plans énergétique et des ressources que la commune a fait le choix dès 2020 de se lancer dans la mise en place d’une politique ambitieuse autour des mobilités. Les réalisations du mandat 2020-2026 valent d’ores et déjà à la commune d’être reconnue (notamment lors du dernier Baromètre des villes Cyclables de la FUB). Cela devrait permettre aux prochains élus de poursuivre les actions et finaliser l’opérationnalité quasi totale de la politique sur le mandat 2026-2032. C’est crucial au vu des enjeux climatique et énergétique devant nous.
Hervé Louarn
conseiller délégué aux mobilités à Landéda (29)
En savoir plus
- La page expérience de Landéda
- Enquête nationale de la Fédération des usagers de la bicyclette (FUB) : Classée B, Landéda se positionne ainsi premier ex aequo sur le Finistère et dans les dix premières communes au niveau de la Bretagne
Rédigé en novembre 2025
Thématique : Mobilités







