Marion Régler, conseillère municipale de l’Île de Bréhat (22)
Dans l’optique de relocaliser son alimentation, l’Île-de-Bréhat, 378 habitants, s’est lancée en 2021 dans la construction de son Projet Alimentaire Territorial ‘Ouzh Taol !‘ (À table !) qui vise à relocaliser l’agriculture sur l’île et à sensibiliser les habitants sur les enjeux liés à l’alimentation.
Quel a été le point de départ de ce projet ?
L’association Fert’île a été créée en 2010 pour promouvoir le patrimoine culturel et écologique de l’île ; elle s’est emparée de la question agricole, avec l’aide du Réseau Agricole des Iles Atlantiques, au moment de l’élaboration du PLU en 2017. La municipalité de l’époque a alors soutenu l’association en finançant en partie des études et diagnostics qui nous servent aujourd’hui.
Plusieurs membres de cette association ont été élus en 2020. Parmi les projets du mandat, il y avait une révision du PLU avec un point important sur le volet agricole : ouvrir les possibilités de constructions agricoles pour encourager le développement d’activités agricoles.
Ainsi, le PLU est de nouveau en révision. Nous avons créé une commission mixte pour y associer des citoyens. Nous avons envie d’être ambitieux, d’oser traduire notre volonté politique dans ce nouveau PLU.
Vous avez contractualisé un PAT. Quel est son lien avec le PLU ?
Parallèlement à nos réflexions sur le PLU, nous avons vu émerger l’outil PAT et l’opportunité d’utiliser ce dispositif national et ses moyens financiers pour traduire concrètement plusieurs éléments de notre programme : déchets et gaspillage alimentaire ; tourisme durable et patrimoine agricole et alimentaire ; lutte contre les plantes invasives et le PLU bien sûr… Un autre objectif très ambitieux était d’inverser la courbe démographique descendante en facilitant l’installation de porteurs de projet agricole.
La contractualisation du PAT permet l’octroi d’une subvention de 100 000€ sur trois ans de la part du ministère de l’agriculture et de l’alimentation, permettant ainsi l’embauche d’une chargée de mission pour trois ans pour le rédiger et l’animer : un véritable luxe pour une si petite commune ! Nous avons décidé de remettre l’alimentation au centre, comme fil conducteur au PAT. Pour cela nous avons aussi développé des actions de sensibilisation auprès des citoyens en tant que consommateurs de produits alimentaires.
Pourquoi le travail sur les friches agricoles semble être majeur dans votre démarche ?
Nous avons présenté notre dossier de candidature PAT au reste de l’équipe municipale afin de les informer et de les associer. Le maire s’est alors positionné en proposant de commencer par l’installation d’agriculteurs sur l’île. Un des axes prioritaires du PAT s’est alors défini puis quantifié par la volonté de défricher 15 hectares d’ici la fin du mandat ; avec une priorité portée aux cultures, les élevages étant déjà très présents sur Bréhat. La barre est haute mais cela nous pousse à développer une stratégie pour atteindre notre objectif.
La municipalité souhaiterait lancer un appel à manifestation d’intérêt pour trouver des porteurs de projets d’ici l’été 2023, bien que les démarches demandent encore beaucoup de travail.
Enfin, comment conciliez-vous vos ambitions d’élue et votre activité professionnelle directement en lien avec le projet ?
En tant qu’élue et maraîchère, je suis en effet un peu à la croisée des chemins. Aussi, je ne souhaite pas que ce projet ambitieux qui promeut les activités paysannes conduise à créer des concurrences avec les paysans en activité sur l’île. D’où un véritable travail de mise en adéquation entre les besoins alimentaires des insulaires et les productions que nous voulons relocaliser.
Marion Régler, conseillère municipale en charge du PAT
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Retrouvez l’expérience de Bréhat sur la page-expérience et lors du forum des initiatives de l’AG
Rédigé en avril 2023
Thématique : Agriculture et restauration collective, Projets alimentaires de territoire
