Augan (56) : une Agence Postale Communale gérée par l’épicerie locale
Thématique(s): Commerces - Économie locale, commerces et services
Infos pratiques
Adhérent : 2021
Maire : Guénaël Launay
Adresse : Augan, France
Téléphone : 02 97 93 45 06
Nbre d’habitants : 1566
Superficie : 40,93 km²
augan.fr
Contact BRUDED : Rozenn Simon
Autres expériences de Augan
En cherchant à maintenir des services postaux pour ses habitants, la commune a trouvé une collaboration avec La Poste sur un modèle « public-privé » pour répondre aux besoins des administrés tout en offrant un vrai revenu à l’épicerie locale. Du simple relai postal commerçant , l’épicerie est désormais une Agence Postale Communale !
Un service postal fragile
Jusqu’en 2010, la commune disposait d’un bureau de poste. « Faute de rentabilité », sa fermeture a été actée par la direction de La Poste à l’époque, qui a alors proposé à la mairie d’ouvrir une agence postale communale dans ses bureaux. Les élus n’ont pas souhaité choisir cette option. Ils se sont alors tournés vers l’épicerie du Champ commun qui a accepté de porter la mission de relai postal commerçant .
Au bout de quinze ans d’exercice, ne pouvant plus assumer cette mission d’intérêt général au vu de l’indemnité insuffisante pour assurer le temps salarié nécessaire, l’épicerie s’est tournée vers la Mairie.
La volonté politique de trouver une solution
Le maire Guénaël Launay, explique : « Nous n’avions que deux options pour animer la mission : soit un relais postal assuré par un commerçant soit l’installation d’une Agence Postale Communale dans la mairie. Cette 2ème option ne nous convenait pas, puisque ça allait limiter l’amplitude horaire des services postaux proposés aux habitants. Il fallait donc trouver une autre solution, avec le Champ commun ».
Les élus ont alors creusé le sujet, main dans la main avec l’épicerie. Il a fallu réfléchir à une solution permettant de maintenir l’offre de services postaux, tout en donnant les moyens à l’épicerie de poursuivre sereinement cette mission. Le Champ commun a trouvé l’exemple d’une commune en France (Saint-Léger-des-Vignes, dans la Nièvre) qui a mis en place un modèle public-privé entre la commune et un commerce, pour se constituer en « Agence Postale Communale ».
S’en est suivie une période d’échanges entre la commune et la direction de La Poste, pour dupliquer ce modèle à Augan. « Il a fallu être persévérant, et gagner la confiance de La Poste pour qu’ils acceptent de lancer ce modèle », explique Guénaël Launay, maire.
« Relais postal commerçant » versus « Agence Postale Communale »
Ces deux services postaux sont différents en termes de services proposés aux habitants et d’indemnisation. Le relai postal, souvent porté par un commerce, permet de délivrer des affranchissements, de réceptionner et délivrer des colis, et dans une moindre mesure, de gérer la remise d’espèces pour les titulaires d’un compte à la Banque Postale (montant limité/semaine). Pour cette mission, le commerce perçoit environ 4 000€/an, versés directement.
Une agence postale reprend 80 % des activités faites dans un bureau postal, et 96 % des activités les plus utilisées liées au courrier/colis et de dépôt et de retrait financiers pour toute personne titulaire d’un compte à la Banque postale (montant limité/semaine mais supérieur à un relai postal). Pour cela, l’agence postale (souvent gérée par une mairie) perçoit 16 000€/an. « Cela correspond à un mi-temps, environ 18h-20h par semaine. Avec l’exemple de Saint-Léger-des-Vignes, on s’est dit pourquoi on ne reprend pas une Agence Postale Communale, mais on l’installe dans le commerce du Champ commun, via une Délégation de Service Public ? », commente Guénaël Launay.
Un modèle atypique public-privé
La direction de La Poste a accepté de lancer le projet… après trois ans d’échanges avec la commune. Concrètement, l’épicerie gère l’Agence Postale Communale pour le compte de la mairie, qui est responsable du service. « La commune a signé une convention avec La Poste et reçoit les 16 000€. Elle reverse 90% de cette somme directement à l’épicerie pendant au moins trois ans. L’épicerie a signé une convention de délégation de service public avec la commune. C’est bien la collectivité qui prend la responsabilité du service », explique Guénaël Launay.
Un nouveau service clef en main
Une fois le projet lancé, la Poste s’est avérée un vrai acteur de confiance et l’épicerie du Champ commun a pu prendre en main sa nouvelle mission dans de très bonnes conditions. La Poste a fourni tout le matériel informatique nécessaire (ordinateur, TPE, etc.) et un suivi régulier du service. « Je suis allée en formation plusieurs demi-journées à Campénéac et Ploërmel. La relation est fluide avec les services de La Poste, je peux les appeler quand j’ai un problème et je communique aussi avec les autres agences postales accueillies en mairie, dans les communes voisines. La Poste organise deux réunions par an qui vont nous permettre de nous voir et d’échanger. Et c’est plus simple maintenant ! Quand nous étions relai postal, l’épicerie devait gérer deux comptabilités différentes, ce qui était fastidieux. Le TPE et l’ordinateur nous permettent d’être totalement indépendants vis-à-vis de l’épicerie », explique Isabelle Lapaige, épicière du Champ Commun, et maintenant aussi postière !
Par ailleurs, en complément du matériel informatique, la Poste fournit également des meubles « types », or, « Ces meubles dénaturaient le décor et l’esprit de l’épicerie. Après échanges, les responsables de la Poste ont accepté de confier une enveloppe de 4 000€ à la mairie pour gérer elle-même la fabrication du mobilier, localement », explique Isabelle Lapaige, épicière du Champ Commun. Un menuisier de Campénéac a ainsi réalisé le mobilier adéquat sur-mesure qui s’intègre bien dans l’esprit du lieu.
Un projet gagnant-gagnant
Avec ce projet, le service aux habitants est optimal : « ce qui change avec une Agence Postale Communale accueillie dans l’épicerie, c’est son amplitude horaire de 45h par semaine, du mardi au samedi » précise le maire. L’agence postale a ouvert en juin 2025, après communication faite dans les journaux locaux. Les retours sont bons, comme le souligne Isabelle Lapaige : « Les habitants sont satisfaits, nous accueillons certaines personnes que ne voyions pas auparavant, notamment des professionnels qui viennent le samedi en journée, parce c’est un créneau fermé dans les bureaux voisins. On voit bien que c’est un plus pour eux ! Et c’est clairement un avantage pour les habitants, notamment les personnes âgées non véhiculées qui peuvent retirer de l’argent facilement. »
Pour l’épicerie, la gestion du service va lui permettre de pérenniser un financement qui correspond presque à un mi-temps, ce qui stabilise les finances de la SCIC du Champ commun. Par ailleurs, il entre pleinement dans les valeurs portées par le Champ commun, « notre première démarche a toujours été de nous rendre utile aux habitants », indique Isabelle Lapaige.
Et pour la mairie, c’est aussi une garantie supplémentaire de continuer à faire vivre le village.
Avec ce projet, on viabilise un mi-temps dans un commerce rural, c’est gagnant pour tout le monde puisque c’est du soutien au commerce rural, et ça pérennise un service public, parce qu’on n’est jamais à l’abri d’un commerce qui ferme. Les collaborations publiques-privées avec pour intention l’intérêt général sont à développer en milieu rural.
Guénaël Launay, maire d’Augan
Contact : Guénaël Launay, maire 02 97 93 45 06 / mairie@augan.fr
Autre expérience sur la thématique: le Relais Postal Commerçant de Loc-Eguiner (29)
Rédigée en août 2025