Maxent (35) : réhabilitation de l’ancienne mairie-école en tiers-lieu
Infos pratiques
Adhérent depuis 2017
Maire : Ange Prioul
Adresse : 2 Rue du Prélois, 35380 Maxent, France
Téléphone : 02 99 06 70 15
Nbre d’habitants : 1 447
Superficie : 39,72 km²
Intercommunalité : Brocéliande
www.maxent.fr
Contact BRUDED : Rozenn Simon
Autres expériences de Maxent
Située en cœur de bourg, l’ancienne mairie-école de 1859 de Maxent va prochainement devenir un lieu de vie et de rencontres pour les habitants, avec qui un travail important de co-construction a été organisé, grâce à l’accompagnement d’un cabinet d’architectes. Une étude programmatique a permis de dresser les grandes lignes politiques, techniques et financières du projet.
Un bâtiment aux multiples vies
En cœur de bourg, l’ancienne mairie de Maxent, bâtiment d’intérêt patrimonial de deux étages sur une surface totale de 170 m², a connu plusieurs vies : logement de fonction pour l’instituteur, logement communal, accueil des activités périscolaires, puis bibliothèque… En 2015, le bâtiment se dégradant, la bibliothèque est déplacée dans le bâtiment attenant, et le bâtiment reste vide.
En 2018, les élus souhaitent le faire revivre. En parallèle, un petit groupe d’artistes (issus en partie du collectif Les Craspouilles) recherchait un atelier dans le secteur de Brocéliande et se met en lien avec la commune. Après discussions, la mairie propose aux artistes d’occuper le bâtiment en échange d’actions culturelles proposées aux habitants, et d’actions de rénovation de la maison. Pour cela, les artistes s’organisent et créent l’association « Les Suzettes », à qui la commune propose un bail gratuit pendant un an, avec l’idée de mettre en place un loyer à la fin de cette période.
L’association investit la maison, réalise quelques travaux (notamment un mur en terre avec les habitants) puis… tout est interrompu pendant la crise sanitaire de 2020, le bâtiment est fermé au public et va rester méconnu des nouveaux habitants.
L’EPCI soutient le projet communal
La résidence artistique n’aura duré que quelques mois, mais l’idée s’ancre dans l’esprit des élus. Convaincus de l’intérêt communautaire d’un tel projet, une commission composée d’élus maxentais et de non-élus propose à Brocéliande communauté un projet de résidence artistique, qui fait défaut sur le territoire.
Faute de consensus, l’EPCI décide de ne pas s’y engager mais propose à la commune de bénéficier d’un fonds de concours structurant dédié au projet. Fort de cet appui financier, la commune prend la maîtrise d’ouvrage, « ce qui nous permet de rester maître du projet et du devenir de notre bâtiment », commente Ange Prioul, maire de Maxent.
Une étude pour définir les usages du futur tiers-lieu
Les élus décident de passer à la vitesse supérieure, et de solliciter l’aide de professionnels pour réfléchir aux opportunités que présente le bâtiment, même si le souhait des élus est tout de même clair, dès le début : « proposer une halte intergénérationnelle, culturelle et tournée vers l’éducation populaire », explique Ange Prioul, maire.
Pour cela, la commune se fait accompagner par le chargé de mission Développement local de l’agence locale du conseil départemental, qui l’aide à la rédaction du cahier des charges d’un appel à candidatures (et plus tard, à l’audition des candidats). Fin décembre 2023, la commune lance un appel à candidatures pour une « étude de définition, d’opportunité et programmatique de création d’un tiers-lieu ». Sur 11 candidatures, 3 cabinets sont auditionnés. L’Atelier SOCLE (architectes-urbanistes) est retenu du fait notamment de son approche très orientée sur la démarche participative et leur connaissance creusée du territoire communal. En parallèle et pour alimenter la réflexion, les élus prennent le temps d’aller visiter des lieux similaires : le Champ commun à Augan (56), le café Popote et Papote à Saint-Thurial (35), le tiers-lieu Quai n°3 à Montfort-sur-Meu (35) ou encore la Maison Kénanaise à Saint-Quay-Perros (22).
Une approche participative
Le travail a commencé par la définition d’un mode de gouvernance. Un comité de pilotage a été mis en place, animé par SOCLE. Il est composé des élus, de membres de la commission vie culturelle et touristique (non-élu), de techniciens du Conseil départemental d’Ille-et-Vilaine et de la Région Bretagne.
En parallèle, un « comité des ambassadeurs » est créé, réunissant bénévoles, élus, présidents d’associations maxentaises, mais également des coordinateurs d’autres tiers-lieux qui y sont invités. La communication passe par les supports de la collectivité, le bouche-à-oreille, et même via une émission radio diffusé sur Timbre FM. Pour travailler en continu, un groupe WhatsApp est créé. L’objectif du comité est de faire émerger et recenser des activités qui pourraient se tenir dans la maison, et, de façon plus globale, recueillir les attentes des habitants.
Une démarche expérimentale d’occupation du site
Pour associer le reste de la population, des permanences dans le bâtiment, animées par l’Atelier SOCLE, sont organisées de mai à juillet 2024. La première expérience d’accueil d’artistes vécue avec Les Suzettes avait conforté les élus dans l’idée de continuer à faire vivre le lieu, même de façon temporaire, c’est la raison pour laquelle la démarche participative portée par SOCLE prend plusieurs formes avec l’organisation de :
- Demi-journées dédiées, le mardi, tous les quinze jours, avec un repas partagé, des ateliers de réflexion et visite du bâtiment l’après-midi ;
- Des réunions avec les associations, une soirée-rencontre ;
- Quelques permanences dans le bâtiment les samedis matin.
Le lieu est ouvert aux habitants, qui ont (presque) carte blanche pour l’occuper, comme l’explique Ange Prioul : « Toute proposition d’activités répondant aux enjeux intergénérationnels, culturels et tournés vers l’éducation populaire est la bienvenue ! ». Des ateliers couture sont organisés, des ateliers pâtisserie avec le conseil municipal des jeunes et l’EHPAD, une séance de yoga, ou encore la tenue de soirée jeux de société qui fonctionne si bien qu’une association a été créée à l’issue de cette animation. Parmi les habitants qui se déplacent, beaucoup de jeunes parents, plutôt des nouveaux habitants, ce qui ne surprend pas le maire : « la nouvelle population a besoin d’un lieu pour se retrouver ». La rencontre citoyenne annuelle, que les élus municipaux ont instituée en début de mandat, pour échanger sur les actions en cours et les projets de la commune, y est organisée en juin 2024.
Les gens ne connaissaient pas le bâtiment, ils se l’approprient !
Ange Prioul, maire
Au final, l’étude de programmation pour définir le devenir du bâtiment a duré un peu plus d’un an, pour un coût total de 27 900€. La commune a financé 50% des frais d’études et le Département d’Ille-et-Vilaine a pris les 50% restants.
L’Atelier SOCLE a fourni un avant-projet sommaire qui a défini les grandes lignes du projet, a permis d’établir une estimation préliminaire des coûts (estimation prévisionnelle financière : 935 890,00 € HT, dont 800 000€ de travaux) et d’identifier les principales contraintes techniques. Plusieurs subventions acquises auprès de la Région (programme Bien vivre partout en Bretagne, 140 000€), du Département d’Ille-et-Vilaine (dispositif Ambitions communes, 200 000€), et d’autres subventions en cours de traitement (Brocéliande communauté, Fonds européens LEADER, etc) ont permis à la commune d’acter le lancement du projet.
Un architecte sélectionné
En février 2025, une consultation publique de maîtrise d’œuvre est lancée, à laquelle l’Atelier SOCLE a contribué en aidant à la rédaction du cahier des charges. Une vingtaine de bureaux d’études y répondent, 17 viennent visiter le bâtiment. Le choix de l’architecte se porte sur l’agence BIENTOT. Les architectes vont étudier la faisabilité technique du projet pendant environ un an (budget de 76 900€ HT).
Auprès des habitants, cela se traduit par un atelier public proposé en juin, avec un travail sur les plans d’aménagement. Deux « journées tiers-lieu » ont également lieu, tout cela avec l’appui de l’Atelier SOCLE, avec qui la commune a signé un avenant pour poursuivre le travail.
Les usages définis avec les habitants :
- Au rez-de-chaussée: une grande salle de réunion et d’activités (conférences, concerts, repair café…) avec un coin cuisine (sollicité par l’EHPAD, pour animer des ateliers cuisine). Salle d’exposition.
- Etage 1: un espace modulable : une salle de réunions et d’activités ainsi qu’un bureau pour du coworking. Le premier étage sera accessible par un monte-personnes (l’escalier sera supprimé).
- Etage 2: un lieu d’accueil pour un atelier d’artistes, une salle d’eau ainsi que des sanitaires sont prévus. L’hébergement qui avait été initialement souhaité ne sera finalement pas proposé. Le bureau de contrôle SOCOTEC, qui accompagne la commune a en effet indiqué qu’un hébergement nécessitait un accès indépendant, des travaux qui n’entrent pas dans le budget prévisionnel.
La volonté politique des élus porte sur l’utilisation de matériaux biosourcés et la réutilisation des matériaux quand c’est possible : réutilisation des solives en bois, de la terre présente sur deux murs intérieurs, les radiateurs en fonte, etc.
L’avant-projet définitif produit par le cabinet d’architectes BIENTOT devrait être soumis au vote des élus en décembre 2025, avec un travail sur le dépôt du permis de construire dans les mois qui suivront et, comme le précise Ange Prioul : « étant en période pré-municipales, nous lancerons les appels d’offres pour les artisans après les élections de mars-avril 2026 ».
Un projet qui allie patrimoine et biodiversité
Au cours de l’été 2025, la commune a saisi l’opportunité de l’appel à projet lancé par la Région Bretagne, la Fondation du Patrimoine et Breizh Biodiv intitulé Trophée régional patrimoine éco-rénovation et biodiversité, pour déposer un dossier. Pour aller au-delà de la première note d’intention déposée, la commune a sollicité la LPO, qui a effectué un diagnostic (300 €) en août 2025 ce qui a permis d’alimenter le dossier plus complet à déposer en octobre. Elle a eu la joie d’être lauréate et va ainsi pouvoir enrichir le projet en intégrant plusieurs actions en faveur de la biodiversité, qui seront prises en charge par cette subvention (montant non connu à la date de rédaction de cet article) : travaux d’aménagement paysager autour du bâtiment, préservation des nids d’hirondelles dans le bâtiment.
Rédigé en novembre 2025





