A Rostrenen (22), un bâtiment éco-rénové est isolé avec des blocs de miscanthus

Rostrenen (22) : chantier-école éco rénovation

Infos pratiques

Adhérent 2021
Maire : Guillaume Robic
Adresse : Rostrenen, France
Téléphone : 02 96 51 42 00
Nbre d’habitants : 3398
Superficie : 32,17 km²
Intercommunalité : CC du Kreiz-Breizh
rostrenen.fr
Contact BRUDED : Cécile Jamoneau

Autres expériences de Rostrenen

Dans le cadre de la restauration d’un bâtiment patrimonial, la collectivité a fait le choix de l’utilisation d’un matériau produit localement, le miscanthus, un matériau non normé ne bénéficiant pas de règles de mises en œuvre.

Cliquez ici pour en savoir plus sur cette expérience

La Ville de Rostrenen compte une population de plus de 3400 habitants et s’étend sur 32km². Ville-centre de la Com­munauté de Communes du Kreiz-Breizh (CCKB), située dans le Pays Centre Ouest Bretagne, elle cherche à valoriser cette centra­lité attractive tout en dévelop­pant un bien-vivre ensemble por­teur d’une ruralité positive.

Un ancien bâtiment à réhabiliter

Un bâtiment en friche, situé en cœur de bourg et avec un intérêt patrimonial indé­niable, est identifié comme un lieu emblématique dans le cadre d’une étude de redynamisation du Centre-Ville menée par les cabinets A3 Paysage et Environnement & Société. Objectif : créer une nouvelle vitrine qui mette en avant le patrimoine, l’artisanat local et les techniques d’éco-rénovation du bâti ancien.

Les bâtiments étaient vacants depuis des années et avaient vraiment triste mine, alors qu’ils sont particulièrement bien placés en centre-ville.

Julie Cloarec, adjointe au maire de Rostrenen

L’opportunité d’un chantier-école

La commune acquiert donc l’ancienne poterie en octobre 2021 pour la somme de 34 640 €, et décide d’en assurer la rénovation à travers un chantier-école coordonné par l’organisme COB Formation, l’association d’artisans ECOB et cofinancé par la collectivité, l’Etat et la Région Bretagne. Voir page-expérience BRUDED dédiée au chantier-école.

Elle recrute l’architecte Sophie Goaer réputée pour son expérience en matière d’éco-rénovation qui aura ainsi pour mission de s’atteler à ce bâtiment de 42,5m2 au sol, comprenant un étage et des combles pour une surface totale de 110m2.

A la recherche de performances énergétiques

Parallèlement, la commune fait appel au CEP (Conseil en Energie Partagée) porté par le SDE22 et l’ALECOB qui réalise une étude thermique et énergétique en juillet 2021 (voir le document technique en bas de page). Etude qui préconise des travaux et des matériaux en lien avec les économies d’énergies escomptées : une économie de 77% (26T de CO2/an) sur la production d’eau chaude et de chauffage pour une performance énergétique de classe C. Une VMC-DF pourrait même permettre d’atteindre la classe B (« rénovation BBC »). Quant aux panneaux photovoltaïques, s’ils sont intéressants, ils doivent être soumis à l’accord de l’ABF.

Un appel d’offre pour des matériaux biosourcés

La conception est réalisée par l’architecte en concertation entre les élus, COB Formation et ECOB. Le recours aux matériaux biosourcés est évident pour tous. Le projet est donc au départ imaginé avec l’utilisation du béton de chanvre comme isolant. Celui-ci est « normalisé », c’est-à-dire qu’il fait référence à des normes qui portent sur “la terminologie, les méthodes pour déterminer la teneur en biosourcé, les caractéristiques, les critères de durabilité et l’analyse du cycle de vie”.

A l’issue de la conception, trois sessions sont envisagées pour mener à bien les travaux envisagés et réalisables par le chantier-école. Chaque session est considérée comme une action indépendante de formation de territoire qui nécessite à chaque fois une nouvelle consultation et un appel d’offre séparé. A chaque session est confié un chantier :

  • La déconstruction, la mise à nu des pierres et le rejointoiement
  • L’isolation (jusqu’ici imaginé en bloc de chanvre)
  • Les finitions

Quelques lots seront confiés à des artisans uniquement (couverture …).

Entre deux sessions de chantier-école, ECOB propose une rencontre avec l’entreprise Kellig Emren (Baud 56). Son fondateur, Alexandre Pointet, vient présenter son produit : les blocs de béton de miscanthus. Sa réflexion autour de la relocalisation de la production des matériaux de construction touche les élus. En outre, cette première rencontre très étayée par des éléments techniques conforte ECOB et les élus quant à la pertinence du miscanthus. L’architecte est donc invitée par les élus à introduire dans l’appel d’offre du lot isolation “le recours à des matériaux biosourcés, en filière locale posés dans le cadre d’un chantier-école “. L’entreprise Kellig Emren y répond, en proposant l’usage de ses blocs de miscanthus.

Dans l’appel d’offres, l’éco-construction et l’habitat rural étaient très présents. Il y avait aussi un volet sur la formation et le lien aux stagiaires. Ces critères exigeants ont largement limité et sélectionné les entreprises car finalement peu d’artisans cochaient les cases donc ça a été assez facile de faire le tri car l’offre était finalement très restreinte.

Sophie Goaër, architecte

Le recours à un matériau non-normalisé et hors techniques courantes

Si la mise en œuvre d’un matériau non-normalisé (la paille,  la terre prélevée sur site…) est encadrée par des Règles Professionnelles de Construction, validées par l’AQC (Agence qualité construction, organisme national de certification des règles constructives), cette pose sera considérée comme une “technique courante”, au même titre que s’il s’agissait d’un matériau normalisé dont la pose respecte les DTU. À ce titre, les maîtres d’ouvrage (dommage-ouvrage), les maîtres d’œuvre et les entreprises de construction (décennale)  peuvent bénéficier de barèmes d’assurance standards à condition de respecter les règles de conception et de mise en œuvre préconisées dans les Règles Professionnelles. Les seuls matériaux biosourcés et géosourcés non-normalisé bénéficiant de Règles Professionnelles de Construction sont la paille et la terre.

Malgré le dossier technique très convainquant réalisé par le fabriquant avec l’aide de l’IUT de Lorient, les blocs de béton de miscanthus de Kellig Emren ne sont pas normés (pas d’avis technique, pas norme NF…) et leur mise en œuvre n’est pas encadrée par des Règles Professionnelles nationales. Leur utilisation entre donc en principe dans le champ de la “technique non courante” avec un risque de surcoût assurantiel voire de refus d’assurance. Pour Kellig Emren, une certification s’avérait  très coûteuse, difficilement accessible pour une entreprise de cette taille. Ce cas de figure peut complexifier le déclenchement des garanties décennales des entreprises et la dommage-ouvrage de la collectivité. 

Finalement, au regard du dossier technique digne d’un document de normalisation de Kellig Emren qui décrit tous les tests faits subis aux blocs de béton de miscanthus, les assurances ont estimé qu’il n’y avait pas lieu de sur-assurer ce produit. En outre, les artisans qui auront la charge de la pose de ce matériau assurent de leur côté qu’ils sont eux aussi convaincus et qu’ils engagent sans hésitation leur responsabilité dans le cadre de leur assurance décennale.

Il s’agit de se réapproprier sa capacité de prescription en tant qu’élu, et de se sentir conforté par des artisans qui croient en l’expérimentation.

Guillaume Robic, maire de Rostrenen

Zoom technique sur les blocs de béton de miscanthus

Cette plante également appelée herbe à éléphant est mise en œuvre de manière expérimentale sur le chantier-école de Rostrenen sous la forme de blocs de béton végétal. Ces blocs sont composés de 80% de végétal, 17% de terre crue et de 3% de chaux (pour réduire l’emprise au sol lors du séchage et non pour des capacités constructives ou hygrométriques).

Elles sont conditionnées par une presse élaborée par Alexandre Pointet. Créée à l’origine pour faire des blocs de chaux chanvre, elle est sans cesse améliorée pour intégrer d’autres végétaux, la rendre plus performante, avec moins de matériel et moins de technologie. Elle a désormais la capacité de fabriquer des blocs de béton végétal avec plusieurs sortes de végétaux (miscanthus, balle de sarrasin, tournesol, chanvre, paille) afin de proposer un matériau à l’image des ressources effectivement présentes sur un territoire. En outre, dans un contexte d’adaptation au changement climatique, il faut être connaisseurs des différents matériaux car on ne sait pas ceux qui vont bien pousser une année ; la possibilité de passer d’un végétal à une autre révèle une faculté d’adaptation.

Je propose un modèle d’économie locale et circulaire au service de la décentralisation, de la sobriété et de la résilience pour les matériaux du bâtiment.

Alexandre Pointet, entreprise Kellig Emren

Ainsi, la presse à blocs de béton végétal de Kellig Emren fabrique des carreaux pleins de 66,5 x 50,0 x 7,5 cm à rainures-languettes (3 carreaux au m2) et dont les caractéristiques sont disponibles sur le site de Lorient technopole. Sur le chantier-école de Rostrenen, les blocs de béton de miscanthus sont posés à l’intérieur des murs en pierres afin de les redresser et faciliter le parement de finition. Un remplissage par le même isolant en vrac vient boucher les vides causés par l’irrégularité de la pierre. Avec 25 cm d’épaisseur finie, la performance réglementaire de 3,7 m².K/W en isolation intérieure est obtenue, tout en respectant le fonctionnement des matériaux nobles qui le composent (perspiration, inertie) et en y apportant étanchéité à l’air et régulation hydrométrique.

Côté finances

Dépenses
Acquisition 34 K€
Travaux (estimation) 270 K€
AMO, études, missions 31 K€

Financement
DSIL 2022 124 K€
Bien vivre partout en Bretagne (sollicité) 56 K€

Contact

Guillaume Robic, maire / 02 96 57 42 00 / accueil@ville-rostrenen.bzh

Documents techniques

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