Talensac (35) : une ludothèque en autogestion

Faire plus… avec moins ?

La gestion d’une ludothèque est complexe et chronophage pour les agents. Les élus de Talensac avaient la volonté de proposer un service en plus pour les habitants à la Médiathèque… mais sans avoir de ressources de fonctionnement supplémentaire. Etienne Roux, adjoint en charge de l’éducation et de la jeunesse, de la médiathèque et du restaurant scolaire, explique : « les jeux de société sont plébiscités par les familles, mais ils coûtent cher et sont parfois utilisés moins de dix fois ! La mutualisation de ces ressources est donc apparue comme une évidence. On savait aussi que gérer une ludothèque nécessite de contrôler les jeux, or s’assurer que le jeu est complet peut prendre 30 minutes, c’est infernal pour un agent ! ».

L’idée est lancée de proposer une ludothèque avec un fonctionnement le plus simple possible, et sans animation par la médiathécaire. « Il a fallu convaincre certains agents et certains élus que l’autogestion pouvait marcher dans une petite commune de 2 500 habitants », commente Etienne Roux.

Le choix des jeux

En 2022, la commune a effectué un premier achat de jeux pour un budget de 350€, il s’agissait de petits « jeux de plateau » (plateau sur lequel les joueurs déplacent des pions ou des jetons), orientés pour un public famille. Fan de jeux de société, c’est M. Roux, adjoint qui sélectionne lui-même les jeux en se basant notamment sur les labels existants, notamment la sélection du prix Spiel des Jahres (éminent prix allemand qui couronne chaque année une sélection des meilleurs jeux de société). Les habitants et parents d’élèves peuvent aussi être sollicités de façon informelle sur leurs attentes et leurs propositions.

Pour rendre le fonctionnement le plus simple possible, les jeux achetés la première année ont été choisis en fonction de leur possibilité à être utilisés même en cas de perte de quelques jetons ou de quelques cartes.

 Je ne sélectionne que des jeux dont on peut commander des pièces de rechange. Le premier lot de jeux qui a été acheté a été sélectionné en fonction de l’autogestion souhaitée : ils étaient utilisables même en cas de perte de quelques jetons, ou cartes. J’ai gardé ce critère pour les autres achats.

Etienne Roux, adjoint en charge de l’éducation et de la jeunesse, de la médiathèque et du restaurant scolaire

Une ludothèque qui ne prend pas de place supplémentaire

Faute d’espace disponible dans la médiathèque, les jeux sont disposés dans un meuble déjà présent dans l’équipement : une cabine téléphonique d’inspiration anglaise fabriquée par les agents techniques, qui a servi dans un premier temps à ranger les ouvrages anglais de la médiathèque. Aujourd’hui, elle sert de rangement pour les jeux de société, grâce à ses quatre étages et à son tiroir qui fait office de stockage pour permettre la rotation des jeux.

Des usagers responsabilisés

La ludothèque est en autogestion : les habitants peuvent emprunter et rendre des jeux de société, sans contrôle. Quand un habitant en emprunte un, il note dans un cahier mis à disposition dans la cabine, son nom, numéro de téléphone, adresse mail, date de départ et de retour du jeu. « On fait confiance, et ça marche, nous n’avons eu aucun vol en quatre ans », précise M. Roux.

Pour le suivi, M. Roux a simplement créé une adresse mail spécifique pour centraliser d’éventuels problèmes, comme des pièces manquantes ou un jeu abîmé.

Pour maintenir l’attrait de la ludothèque qui dispose aujourd’hui d’une soixantaine de jeux, M. Roux s’occupe de la rotation de ceux-ci, partant du principe que le manque crée le désir ! Tous les deux mois, certains jeux sont ainsi retirés de la ludothèque et remis quelques mois plus tard.

Budget

La municipalité a décidé de faire un essai avec un budget initial de 350€ et de faire le bilan au bout d’un an sur l’état des jeux, les difficultés rencontrées et la satisfaction des usagers. Le bilan étant positif, la mairie a consacré un budget annuel de 350€ les deux premières années, puis 200€ les deux dernières années.

« Nous sommes entièrement satisfaits du résultat ! Le conseil que je donnerais à une autre collectivité est le niveau de confiance que l’on peut avoir dans sa population et le niveau de prise de risque. Ce n’est pas la même chose de risquer une perte de 20€ et une perte de 5 000€ ! »

Contact : Etienne ROUX, adjoint en charge de l’éducation et de la jeunesse, de la médiathèque et du restaurant scolaire etienne.roux@talensac.fr

Rédaction octobre 2025