Retour sur la rencontre sur la méthanisation du 29 octobre 2021 à Betton (35)
Une trentaine d’élus a participé à ce temps d’échanges sur un sujet technique et sensible, voire clivant, notamment en Bretagne où certains demandent un moratoire sur les nouveaux projets. En témoigne la manifestation devant la mairie de Betton pour accueillir les participants. Elle était organisée par les opposants locaux à deux projets en cours d’instruction sur la commune et par d’autres collectifs de riverains qui mènent le même combat à Trémorel (22) et Plouha (22). La confédération paysanne était également partie prenante, craignant que la méthanisation conforte le modèle agricole productiviste et qu’elle contribue à développer les cultures énergétiques (telles le maïs) au détriment des cultures alimentaires. Une dérive déjà constatée en Allemagne. Une discussion apaisée s’est engagée avec les élus venus pour la rencontre et la trentaine de manifestants qui ont ensuite laissé l’événement se dérouler normalement.
Une entrée en matière qui a conforté les élus de BRUDED de l’importance d’organiser des temps d’échanges dépassionnés et constructifs en rassemblant tous les avis, afin de trouver des solutions qui concilient la transition énergétique et l’intérêt général.
Compte rendu complet et téléchargeable de la rencontre
Lien vers le programme de la journée.
En plénière : cadrage technique et les témoignages d’élu.
La matinée en salle a débuté par un cadrage technique d’Armelle Damiano, directrice de l’association AILE (Association d’initiatives locales pour l’énergie et l’environnement). Elle a donné des clefs de compréhension de ce sujet très technique : le principe de la méthanisation, les types de méthaniseur, le contexte politique et réglementaire, les nuisances…
Les échanges et les questions ont montré le besoin des élus de bien connaître le fonctionnement d’un méthaniseur mais aussi de l’ensemble de la chaine de production.
Trois témoignages très riches ont ensuite illustré la diversité des projets, des types de portages et des postures des collectivités. Il a été souligné que le dialogue est nécessaire ente les porteurs de projets la collectivité et la population. Ces retours d’expériences ont révélé la difficulté pour les élus locaux de trouver leur place sur des projets privés pour lesquels ils ont généralement peu d’informations et peu de leviers d’actions. Pour autant, les intervenants ont démontré qu’avec de la volonté politique il était possible de s’assurer que les projets de méthanisation agricole participent à la transition énergétique à l’échelle d’un territoire et soient respectueux de l’intérêt général.
Les questions sur les projets présentées ont montré une envie des participants de comprendre le cheminement vers une prise de position ou encore les étapes de communication avec la population.
Deux ateliers thématiques
Sans être exhaustif, voici quelques éléments évoqués lors des échanges :
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Atelier 1 : « Quel rôle et quelle implication des élus en fonction du type de projet ? »
Pour traiter du sujet le groupe a répondu à ces 3 questions :
« Quel rôle et quelle implication des élus en fonction du type de projet ? »
Le groupe était unanime pour dire que les élus doivent s’y intéresser, même aux projets soumis à simple déclaration et exemptés d’information et de consultation auprès des élus et de la population. Ils le regrettent, ainsi que le délai très court pour donner un avis sur des dossiers très techniques et sensibles. Un avis qui n’est que consultatif mais qui engage les élus et sur un projet pour lequel ils estiment n’avoir pas toutes les garanties qu’il sera respecté dans le temps. Il manque des outils de durabilité et d’évaluation.
La commune est-elle l’échelle pertinente pour des projets qui ont des impacts sur un territoire plus vaste ?
Tous les participants ont souligné la nécessité d’inscrire ces projets dans une vision territoriale réfléchie – intercommunale, départementale, régionale – inscrite notamment dans le PCAET et axée sur des enjeux d’intérêt général. Il serait alors plus facile pour les élus de se positionner de manière cohérente sur les projets qui les concernent directement sur leurs communes ou les voisines.
Quelle concertation ? Quelle Implication de la commune ?
La nécessité de mettre en place une concertation menée par des spécialistes a fait consensus. Elle devrait être obligatoire quelle que soit la taille du projet. Les élus sont plus partagés quant à qui doit l’organiser. Certains estiment que c’est aux porteurs du projet de l’assumer. D’autres pensent qu’au regard des enjeux de ce type de dossier, il est du rôle des élus de s’en charger en tant qu’animateurs du territoire. En tout état de cause, les élus auraient à s’assurer que cette concertation aient bien lieu.
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Atelier 2 : « Quels critères pour évaluer un projet ? »
Pour traiter du sujet le groupe a répondu à ces questions :
Quels sont les critères / enjeux / points d’attention auxquels un projet doit répondre pour avoir un apport positif sur le territoire ?
Dans une approche globale, les participants se sont questionnés sur le rôle que pourrait jouer l’agriculture dans la production énergétique nationale, sur la pérennisation d’un modèle agricole et la possibilité qui doit être laisser aux agriculteurs d’évoluer vers des pratiques plus vertueuses.
Dans une approche plus locale, les interventions ont mis en avant la taille de l’unité de méthanisation pour rester dans une approche d’économie circulaire, la qualité du sol et les nuisances directes : paysage, odeur, circulation sur les routes.
La concertation est apparue comme un élément central et nécessaire dans l’évaluation d’un projet.
Des outils d’évaluations des projets de méthanisation ont aussi été cité : Le méthascope de FNE, La charte Energie partagée, le guide WWF, le document d’Aile sur les bénéfices attendus et les points de vigilance.
Comment faire respecter dans le temps les engagements pris à la conception par le porteur de projet ?
Deux éléments majeurs sont ressortis des échanges :
-L’engagement de la collectivité pour faire de la méthanisation un projet territorial intégrant des critères de durabilité.
-Le dialogue et la proximité entre les élus et les agriculteurs, en le formalisant éventuellement par une réunion annuelle.
Quelle démarche/méthode pour se positionner ?
Le groupe a fait ressortir trois éléments qui paraissent nécessaire : l’accompagnement et la formation des élus sur un sujet aussi technique et transversal, s’appuyer sur les retours d’expériences des projets déjà menés, s’inscrire dans une démarche territoriale en intégrant dans le PCAET des critères d’analyse permettant ainsi une approche commune et cohérente sur le territoire.
Visite d’une unité de méthanisation
Les participants se sont ensuite rendus à Gévezé pour visiter une unité de méthanisation à la ferme en cogénération, produisant de l’électricité et de la chaleur.
Cette unité de production novatrice il y a 12 ans, a peu évolué depuis son installation. Elle produit du gaz qui alimente un moteur produisant de l’électricité revendu à Enedis dans le cadre d’un contrat d’achat obligatoire sur 20 ans. La chaleur produite par le moteur est récupérée pour chauffer deux poulaillers, un séchoir à fourrage et la maison de l’agriculteur.
L’installation de l’atelier méthanisation a permis à la ferme de se pérenniser, d’avoir une perspective financière stable, de dégager un revenu mais aussi de mieux valoriser son système de production par le séchage du fourrage qui donne plus d’autonomie à la ferme.
Le méthaniseur est alimenté essentiellement avec les déchets de la ferme.
La présentation de M Trubert ainsi que la visite du méthaniseur ont suscité de nombreuses questions et remarques, sur le fonctionnement, les pratiques agricoles, l’approvisionnement, les dérives potentielles.
Compte rendu complet et téléchargeable de la rencontre
Contacts :
Mima Galès, chargée de développement, 06 33 04 83 06
Guillaume Josselin, Chargé de développement, 06 52 67 09 72
Rédigé en novembre 2021
Thématique : Projets énergétiques de territoire, Énergie, Énergies renouvelables