“Les territoires innovent” retour sur l’atelier “valoriser du bois local en bois d’oeuvre dans la construction c’est possible !”
Dans le cadre du forum « Les territoires innovent » qui a eu lieu le 31 janvier 2018 à Pontivy, Jean-Luc LE ROUX, charpentier, et François CORRE, technicien de la ville de Lorient ont présenté la démarche menée par la ville de Lorient pour utiliser le bois local en bois d’œuvre dans différents projets de construction…
Développer une valorisation en bois d’œuvre avant la valorisation bois-énergie…
La ville de Lorient, pionnière sur le développement de la filière bois énergie en Bretagne, valorise une partie de ces gisements de bois dans cette filière. Cependant, certains gisements de bois avaient un potentiel de valorisation plus qualitative dans la construction. La ville a donc développé une politique sylvicultrice plus globale et développé une filière autour du bois d’œuvre avec notamment la Plantation de 20 000 arbres sur la ville sur 10 ans. « Une valorisation en bois d’œuvre est économiquement intéressante : 1500 à 1600 €/m3 contre 150€/m3 en bois plaquette ! » précise Jean-Luc Le Roux.
Quid des marchés publics et achat de proximité dans ce type de marché ?
La ville a rédigé un marché d’accompagnement de prestations intellectuelle afin de confier une mission de conseil et de formation à M. Le Roux pour faire un inventaire des gisements, jouer le rôle d’interface entre la collectivité et les propriétaires de bois et former les utilisateurs. Jean-Luc Le Roux se rend sur la zone d’abattage et définit le potentiel de valorisation du bois : le bois noble est abattu et scié sur place par une scierie mobile pour une valorisation dans la construction, le bois moins noble est dédié à la filière bois énergie. « Les réalisations telles que le mobilier urbain et l’abri vélo ont ainsi été mise en œuvre en accompagnant les agents pour un coût de revient de 10 000 € (y compris le travail des agents), contre un coût de 70 000 € pour un achat sur catalogue… En plus d’être économiquement pertinent, cette démarche permet de former et de valoriser le travail des agents » explique François Corre.
Utilisation de bois d’œuvre dans les bâtiments recevant du public : la crèche associative
La crèche associative “Salopette et Patasel” souhaitait réaliser l’extension de son bâtiment sur un terrain mis à disposition par la ville de Lorient (situé en zone sismique 2). Dans ce cadre, ils ont choisit une équipe de maîtrise d’œuvre : l’architecte Carole Sénégas et le charpentier Jean-Luc Le Roux. L’extension est ainsi réalisée en auto-construction avec les parents d’élèves. La structure en bois d’œuvre comprend notamment un magnifique tronc de châtaigner monté en pilier de structure. « Nous avons mis 3 jours à monter la structure et deux mois à lever les blocages juridiques ! » se rappelle JL Le Roux.
Enseignements d’un tel projet
- Associer les bureaux de contrôle dès le départ ;
- Attention à l’intégration de critères relatifs au bois certifiés (PEFC et FSC) dans les documents de marché qui peuvent pénaliser le recours à du bois local non labellisé lorsque le bois est fourni par la collectivité ou par des acteurs privés.
Au final, il est important de différencier les obligations législatives à respecter (sismicité, accessibilité, sécurité incendie) des habitudes réglementaires (labellisation, Eurocodes 5 qui peuvent au final limiter le recours aux bois locaux. Un levier peut consister à ouvrir les marchés publics aux équipes de conception (architecte, charpentier conseil,…) pour éviter de copier-coller les mêmes cahiers des charges d’un marché à l’autre.
Pour plus d’information :
Jean-Luc Le Roux (charpentier – De la Matière à l’Ouvrage) : jean-luc@ti-beo.eu
François Corre, technicien à la ville de Lorient : fcorre@mairie-lorient.fr
Rédigé en mars 2018
Thématique : Écoles et périscolaire, Équipements publics