La médiathèque de Trignac (44) : réhabilitation du patrimoine et matériaux bio et géo-sourcés

Présentation de la commune et contexte du projet

Trignac est une commune de 8 101 habitants située entre Saint-Nazaire et Montoir-de-Bretagne. La partie urbaine se divise en trois zones bien distinctes : le centre-bourg, le quartier du Certé et la zone rurale des villages située dans les marais. Depuis le début du mandat, les élus avancent sur le projet de rénovation et de redynamisation du centre-bourg. Pour mettre en formes leurs intentions et prioriser les actions, les élus s’appuient sur l’étude urbaine et paysagère de Guillaume Sevin Paysages commanditée lors du précédent mandat en 2018. Après vingt-sept mois de travaux la médiathèque de Trignac a accueilli les premiers habitants le 10 octobre dernier.

Le patrimoine et la culture comme leviers de rénovation urbaine du cœur de bourg

Le temps de l’étude a permis aux élus d’acter l’intérêt de réhabiliter les anciens logements des ingénieurs des forges, bâtiments rattachés collectivement à l’histoire de la commune et situés stratégiquement en plein cœur du bourg. Ils souhaitent y installer et étendre la médiathèque, alors à l’étroit dans les anciens locaux de l’école Marie-Curie.

La médiathèque est le premier projet qui marque la transformation du cœur de ville. Qu’il se fasse en donnant une seconde vie à un patrimoine bâti historique de la commune est symbolique du renouveau que nous souhaitons : respectueux du patrimoine et en accord avec les usages et le confort de notre temps.

Claude Aufort, maire de Trignac

Une médiathèque ouverte sur un espace public transformé et offrant de multiples usages

En 2020, la commune lance un concours restreint dont les lauréats seront les architectes Belenfant et Daubas associés à Hélène Houpert et aux paysagistes de La Terre Ferme. Leur parti pris à la fois urbain et architectural séduit les élus. L’équipe s’appuie sur l’étude urbaine et paysagère réalisée en amont du projet et choisit de supprimer la petite voie qui la découpait en deux parties pour aménager un large parvis devant la médiathèque. La proposition permet l’accueil du marché dominical sur l’esplanade et de mixer les usages. La cour située entre les deux bâtiments existants des anciens logements des Forges est transformée en jardin de lecture à l’abri des bruits de la rue.

Nous souhaitions que les habitants puissent passer du marché à la médiathèque, qu’ils l’envisagent comme un lieu de vie à part entière ouvert sur l’espace public et accueillant.

Claude Aufort, maire de Trignac

À l’intérieur, le bâtiment existant est dédié à l’espace jeunesse et à la salle d’animation. L’extension en bois recouverte de bardeaux de châtaigner (tuiles de bois) accueille l’accueil de la médiathèque, une grande partie des collections, un espace modulable et une alcôve « gaming ». La surface totale est de 650 mètres carrés. Le rez-de-chaussée est dédié à l’accueil du public et l’étage au personnel.

Des ateliers participatifs avant et après la réponse au concours

En amont du concours, lors de l’étude urbaine, des ateliers citoyens ont permis de compléter le diagnostic des élus et des professionnels en s’appuyant sur l’expertise d’usage des habitants. Ceux-ci ont mis en avant les points forts et points faibles du cœur de bourg et ont fait des propositions pour l’embellir, le rendre plus attractif et dynamique dans les cinq ans à venir. Dans la ligné e de ces ateliers, d’autres ateliers participatifs ont été organisés avec le même groupe après le concours architectural pour présenter le projet et enrichir la programmation des espaces extérieurs avec les idées des habitant.es.

Un projet de réhabilitation-extension bio-climatique

« L’ensoleillement naturel a conditionné l’implantation de l’extension » indique Bruno Belenfant, un des architectes du projet. Les architectes proposent d’implanter l’extension au nord de l’ancien bâtiment pour laisser respirer les façades du bâtiment ancien. Concrètement il s’agit de permettre à l’eau contenue dans les murs en pierre de s’évaporer naturellement et d’éviter des dommages. L’isolation intérieure des murs anciens est réalisée par un complexe de terre-chanvre banchée (appelé aussi terre allégée), laissant la paroi respirer tout en apportant un bon confort thermique. Le patrimoine historique en pierre et brique restauré est complété par la construction d’une extension en bois, placée au nord, « là où il est plus facile d’atteindre une bonne résistance thermique même avec une orientation défavorable » précise l’architecte

Côté matériaux géo et biosourcés, le projet intègre :

• Du terre chanvre banché pour l’isolation et le confort hygrothermique
• De la ouate de cellulose et de la laine de bois pour l’isolation
• Des tuiles de châtaignier en couverture et en bardage (bardeau)
• Du bois pour la structure de l’extension

« La médiathèque de Trignac, a permis une démonstration remarquable de l’application de matériaux biosourcés dans un établissement recevant du public » témoignent les architectes.

La terre crue dans un bâtiment public c’est possible !

Quitte à faire du nouveau autant expérimenter et faire avancer l’usage des bio-sourcés ! Les petites villes doivent aussi pouvoir jouer ce rôle.

Claude Aufort, maire de Trignac, VP à la transition écologique à la CARENE

• Des choix argumentés

« Nous avons fait le choix de la terre crue pour ses performances qui surpassent de loin tous les matériaux, particulièrement quand on l’additionne de fibres végétales (paille, chanvre, lin …). C’est ce qu’on appelle l’effet hygrothermique qui fait que le matériau rafraîchit l’ambiance en période chaude et la réchauffe en période froide » indique Bruno Belenfant. Un effet qui n’est pas valorisé par le calcul thermique mais qui apporte un confort d’usage et joue sur la température ressentie, et in fine sur les économies de chauffage.

• Anticiper le travail avec le bureau de contrôle dès le début des études

L’utilisation de la terre crue est une technique non courante, ce qui nécessite de travailler en amont avec le bureau de contrôle et les assurances des entreprises et de démontrer qu’il n’y a pas de risque à mettre en œuvre ce matériau. « Face aux pratiques non courantes, les bureaux de contrôle sortent les parapluies, c’est important de démontrer qu’il n’y’a pas de risque. Pour cela nous nous basons sur nos nombreux retours d’expériences. Il est également essentiel que les artisans soient assurés pour les pratiques mises en œuvre sur le chantier.

• Transmettre pour faire monter en compétence les acteurs de la construction sur la mise en œuvre de la terre crue

La mise en œuvre des matériaux bio et géosourcés est encore une pratique innovante pour bon nombre de personnes et c’est important qu’un chantier tel que celui-là puisse permettre de faire progresser les acteurs du bâtiment qui nous accompagnent. Il est arrivé sur ce chantier que notre interlocuteur du bureau de contrôle n’ait pas d’expérience sur ces pratiques : il n’a pas validé nos propositions, pourtant basées sur de nombreux chantiers qui n’ont connu aucun dommage. Nous l’avons mis en contact avec l’un de ses collègues expérimentés sur la terre crue. Il a pu transmettre ses connaissances et nos propositions ont été validées. C’est important de faire avancer tous les corps de métier sur l’usage des matériaux biosourcés. » conclut-il.

• Un temps de sensibilisation aux spécificités de la terre crue avec les futurs usagers

Un atelier co-porté par l’architecte et la SCOP l’Aronde, entreprise en charge du lot terre crue, a permis de sensibiliser le personnel aux particularités de ce matériau « innovant ». « C’est un matériau très ancien mais qu’on ne côtoie plus aujourd’hui et ça peut être déstabilisant pour les usagers. C’est important de lui redonner une application contemporaine, et de transmettre ses qualités et ses caractéristiques aux personnes qui vont y travailler. Ça demande une médiation qu’il faut anticiper » témoigne l’architecte.

Le programme et calendrier du projet en quelques mots

Programme

• Surface totale : 650 m²
• Surface destinée au public :  485 m²(dont deux salles pouvant fonctionner de manière autonome)

Calendrier

Première étude urbaine et paysagère : 2018

• Lancement du concours d’architecte : mai 2020
• Lancement des travaux : juin 2024
• Livraison : septembre 2026

Le coût

Coût total du projet 3 500 000 € dont :

Subventions :

• DRAC : 1 730 000 €
• Région Pays de la Loire : 200 000€
• Département de Loire Atlantique : 432 000€
• Carène : 15 000€

Les subventions de la DRAC sont soumises à différents critères : surface minimum par habitant, horaires d’ouvertures, nombre d’agents et une liste de diffusion d’ouvrages.

Auto-financement :

• 1 123000 €

Devenir de l’ancienne médiathèque

Devenue trop vétuste pour remplir ses fonctions initiales, l’ancienne médiathèque s’apprête à connaître une nouvelle vie. Une partie du bâtiment sera prochainement transformée en deux salles de classe, un chantier dont le coup d’envoi est prévu pour le mois de janvier 2026. Quant au reste des locaux, leur avenir n’est pas encore fixé. La municipalité étudie actuellement plusieurs pistes de réaffectation afin de redonner tout son sens à cet espace emblématique du centre-ville.

CONTACT : Claude Aufort, maire de Trignac, 02 40 45 82 25, contact@mairie-trignac.fr

page projet rédigée en octobre 2025