Un label pour et avec les seniors dans toutes les politiques de Betton (35)

Thématique(s): Enfance, jeunesse et ainés - Économie locale, commerces et services
Infos pratiques
Adhérent : 2021 Maire : Laurence Besserve Adresse : Betton, France Téléphone : 02 99 55 81 01 Nbre d’habitants : 12 524 Superficie : 26,73 km² Intercommunalité : Rennes métropole www.betton.fr Contact BRUDED : Rozenn Simon
Autres expériences de Betton
Depuis longtemps attachée à proposer un cadre de vie de qualité pour toutes et tous, la commune s’est engagée en 2015 dans une démarche tournée vers les seniors, avec l’adhésion au Réseau francophone des villes amies des aînés (RFVAA), qui promeut le LABEL « Ami des aînés ».
La démarche
Soucieuse d’anticiper l’avenir en voyant sa population grandir, l’équipe municipale s’est emparée du sujet des seniors en s’engageant dans la démarche de labellisation « Ville amie des aînés », comme l’exprime Jean-Yves Loury, conseiller délégué Logements adaptés, seniors : « Le label Ami des aînés est un bon moyen pour sensibiliser les habitants et l’ensemble des élus à la question des aînés, qui vont être de plus en plus nombreux et il faut en prendre conscience ». Pour se lancer dans la labellisation, la commune a adhéré au Réseau francophone des villes amies des aînés dès 2015, pour un montant annuel d’environ 350€.
Ce label mis en place par l’OMS se caractérise par la mise en place de services, d’infrastructures et de politiques locales qui favorisent l’autonomie, la participation sociale et le bien-être des seniors. L’objectif derrière cette labellisation est double : d’une part, promouvoir des actions d’aménagement de l’espace public en faveur des aînés, et d’autre part, encourager de façon durable, la participation sociale des aînés aux décisions publiques et à la vie citoyenne.
Un outil de travail pour la collectivité
Concrètement, l’adhésion au Réseau francophone des villes amies des aînés enclenche la démarche pour viser la labellisation, guide et motive pour des actions à mettre en place et qui par la suite amène une reconnaissance. Le label est attribué pour 6 ans, il s’appuie sur un référentiel qualité de 110 critères et comprend 4 niveaux en fonction des résultats obtenus lors du diagnostic.
En tant qu’élu en charge du sujet des seniors, c’est une plus-value, puisque l’intégration au réseau lui permet de se former au sujet, via des webinaires et autres rencontres qui valorisent les actions portées par d’autres collectivités. « Après ma participation à l’assemblée générale de l’association au Ministère de la santé, j’ai fait une présentation en bureau municipal en début de mandat à tous les adjoints. L’idée, c’est de donner un fil rouge aux élus : ça permet d’attirer leur attention ou ça les ré-alerte, pour qu’ils aient le réflexe de penser aux seniors dans tous les projets ». L’objectif est d’intégrer le sujet des seniors dans toutes les politiques de la ville. Les discussions entre élus permettent également de mettre en lumière des actions déjà portées par la collectivité, explique Jean-Yves Loury : « Par exemple, lors des ateliers participatifs, la question d’une commission accessibilité est apparue, or elle existe déjà ! Ce travail permet de valoriser aussi ce qui se fait déjà. »
La labellisation apporte de nouvelles idées, ça nous sert de boussole pour monter en puissance, parce que nous comptons de plus en plus d’ainés.
Jean-Yves Loury, conseiller délégué logements adaptés & séniors
Un état des lieux participatif
La démarche de labellisation débute par une phase de diagnostic réalisé par un cabinet indépendant, qui propose ensuite des actions. La commune de Betton a adhéré en 2015, avec un 1er diagnostic réalisé à l’époque, lequel doit être actualisé tous les six ans. Pour son deuxième état des lieux, la commune a bénéficié de l’accompagnement du cabinet Récipro-cité, dont le travail a été pris en charge par un fonds d’appui du label Amie des ainés. Le diagnostic porte sur huit thématiques : trois sur l’habitat et l’environnement (espaces extérieurs, bâtiment, transport/mobilité) et cinq sur le volet social et culture (info com, lien social, culture/loisirs, participation citoyenne, autonomie service et soins).
Le diagnostic se voulait le plus large possible, explique Jean-Yves Loury, « un questionnaire a été envoyé à chaque adjointe ainsi qu’aux services, pour permettre à chacun de mesurer les choses et de se poser les bonnes questions. En parallèle, la population a été associée via deux ateliers pour les habitants ». Le programme ne se contente pas d’améliorer l’accessibilité des infrastructures, il s’agit également d’encourager la participation sociale des seniors et de valoriser leur rôle dans la société, d’où le fait de les inclure dans la démarche dès le diagnostic.
« Il faut s’adresser aux habitants qui ont 50 ans aujourd’hui, ce sont les futurs ainés ! Il faut penser que ce qu’on fait maintenant, c’est pour plus tard ! Ça permet d’élargir et de récolter de nouveaux avis. »
En parallèle, les différents acteurs directement concernés ont également été sollicités : la STAR (service de transports en commun de Rennes Métropole), la SNCF, le CEDAS, le CCAS, le CLIC, etc. Les résultats du diagnostic ont été partagés via le site internet de la commune, et notamment lors de la Semaine bleue.
Une gouvernance partagée
Un comité de pilotage a été mis en place pour assurer le suivi de la procédure de labellisation : du diagnostic à la définition des actions, à leur mise œuvre, intitulé « En route vers le label ». M. Loury est appuyé sur le volet technique par le directeur de l’EHPAD. Ce groupe de travail réunit des élus et des agents. Une fois le diagnostic réalisé, le COPIL soumet les actions au bureau afin que chaque adjoint s’en saisisse. La démarche se veut transversale, il n’y a pas de budget propre à cette démarche, qui doit infuser chaque politique de la collectivité. Chaque action entre donc dans le budget de chaque adjoint concerné. « Ça apporte une vraie transversalité dans le travail, puisque ça concerne toute la gouvernance : les agents des services sont concernés au même titre que les élus », commente Jean-Yves Loury.
La démarche permet de gagner du temps pour les élus, vis-à-vis de schémas et projets qui seraient de toute façon à mener, comme l’explique Jean-Yves Loury : « En parallèle, nous devions actualiser notre ABS (Analyse des Besoins Sociaux) qui datait de 2022 et qui touche tous les publics, dont les personnes âgées. Nous avons donc intégré le plan d’action pour les ainés dans notre ABS ».
Des actions larges, pour intégrer les séniors
Les résultats du diagnostic ont amené la commune à proposer des actions complémentaires à celles déjà mises en place. Elles concernent le sujet de la mobilité. En complément du transport à la demande déjà présent dans la commune, des animations de sensibilisation aux vélos à assistance électrique ont été organisées en juin 2025, « il y a un vrai enjeu sur les VAE auprès des seniors, qui doivent gagner en assurance, et c’est aussi l’occasion pour eux de découvrir le réseau express vélo de la Métropole », souligne Jean-Yves Loury. La métropole de Rennes, également adhérente du réseau et engagée dans la démarche, a mis à disposition de la commune des moyens d’animation. En complément, en lien avec le Relais Atout’âge, la commune a organisé une journée de découverte des transports en commun pour rejoindre Rennes. En complément, pour répondre aux besoins des personnes seniors non motorisées, la commune souhaite développer une navette communale, malgré un essai non concluant sur le mandat précédent, pour les déplacements vers les services et commerces (courses), activités, et évènements proposés sur Betton. Les élus réfléchissent également au covoiturage solidaire développé par l’association EHOP. Un service intra-communal (tranport’age) par une association existe déjà.
En termes d’animations, suite aux requêtes formulées de favoriser des actions intergénérationnelles, la commune, au travers du Relais Atout’age, propose notamment deux rencontres pour les seniors : un repas équilibré à petit prix est proposé un mercredi par mois, au restaurant scolaire de la Haye-Renaud, « c’est une opération qui connait un vrai succès. En trois ans, le nombre de places et la fréquence sont passés de 30 à 48 personnes bénéficiaires. La seconde rencontre est le repas annuel des aînés, proposé par le ccas, qui est victime lui, de son succès. » Avec 300 à 400 personnes à chaque édition, la mairie a imposé une limite d’âge pour l’inscription, fixée à partir de 74 ans. » Par ailleurs, en lien avec le CCAS, une « borne mélo » a été installé dans l’EHPAD La Résidence de l’Ille. Il s’agit d’un appareil doté d’un écran, qui permet de diffuser de la musique, animer des lotos, karaoké, etc.
Au sujet des espaces publics, « il faut faire attention à tous les petits aménagements ». Par exemple, on nous a demandé d’agrandir les trottoirs avec des bandes podotactiles pour passer d’une rue à l’autre. Nous prenons cette demande en compte dans toutes les nouvelles zones. Au niveau du mobilier urbain, nous veillons à proposer suffisamment de bancs avec accoudoirs au fil des cheminements piétons. Nous ne le faisons pas systématiquement, mais toujours sur les cheminements les plus empruntés ». Pour cela, la collectivité va réaliser en 2025 et en régie, un état des lieux du mobilier urbain qui va recenser les bancs, ainsi que les toilettes publiques, Jean-Yves Loury expliquant que « s’il n’y a pas de toilettes, ça freine certaines personnes à sortir, ça peut renforcer l’isolement ». Autre exemple : « dans le cadre du confinement et de la crise énergétique, nous avions baissé les temps d’éclairage public. Les réunions avec les personnes âgées nous ont permis de voir que cette baisse de l’éclairage était une source d’inconfort pour elles. Nous avons donc rallongé le temps d’éclairage de 30 min. Certaines actions peuvent apparaître désuètes mais elles ont énormément de sens », explique Alice Landais, adjointe Finances, Développement durable et environnement.
La question du logement adapté est également un sujet pris en compte. A ce titre, la commune réfléchit actuellement à un projet proposant deux tiers de logements adaptés, afin de proposer un type d’habitat inexistant à l’heure actuelle dans la commune : le logement intermédiaire, en amont de l’EHPAD. Ce projet proche de la gare est en cours avec un bailleur social, il s’agira d’un « projet en conception intégrée » pour lequel une première réunion publique a été organisée avec toutes les parties prenantes dont les habitants. Un autre projet de locatif social concerne un bâtiment en plein centre-ville, qui s’adressera uniquement à des seniors. Tous ces projets sont conçus en lien étroit avec Rennes Métropole, qui a établi un « périmètre favorable au vieillissement » dans son PLH. « Nous sensibilisons les opérateurs que nous rencontrons pour qu’ils pensent à l’accessibilité des personnes âgées : présence d’ascenseurs, accès aux balcons, largeur des portes, etc ».
La collectivité, et notamment M. Loury, s’appuie sur différents acteurs et ressources qui inclut Kozh Ensemble, le gérontopôle de Bretagne qui anime des échanges sur la prise en compte des ainés dans les politiques publiques et qui a publié le Guide méthodologique « Des logements pour les séniors, comment s’y prendre ? », et va proposer des ateliers sur la thématique “Climat”
La communication est un sujet régulièrement abordé par les seniors. Pour répondre aux attentes, la conseillère déléguée au numérique s’est appuyée sur les demandes formulées par les personnes interrogées lors du diagnostic pour organiser une séquence d’information sur les arnaques.
Rédigé en juin 2025