Dirinon (29) : Le pôle du Rozic, une rénovation qui rime avec ré-emploi et frugalité

Infos pratiques

Adhérent : 2020
Maire : Guillaume Bodenez
Adresse : Dirinon, France
Téléphone : 02 98 07 01 33
Nbre d’habitants : 2270
Superficie : 33 km²
Intercommunalité : CA du Pays de Landerneau-Daoulas
www.dirinon.fr/
Contact BRUDED : Maïwenn Magnier

Autres expériences de Dirinon

L’ancienne maison de retraite « résidence du Rozic » ferme ses portes en 2019. En parallèle, les élus constatent que les bâtiments communaux (mairie, agence postale, bibliothèque) sont datés et nécessitent une rénovation. C’est ainsi que nait le projet de réhabiliter ce lieu avec la volonté de ré-employer tout ce qui peut l’être…

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Dirinon est une commune rurale de 2 300 habitants nichée entre Brest, Landerneau et Daoulas. Elle regorge de richesses patrimoniales (église, enclos, presbytère…), de deux écoles primaires, de trois terrains de foot accueillant chaque année un tournoi mondial, des paysages fluviaux et littoraux le long de l’Elorn, en fond de rade de Brest ou espaces forestiers plus au sud et bénéficie d’une richesse associative importante. Forte de ce potentiel, la nouvelle municipalité en place depuis 2020 a concentré ses efforts sur des actions pour redynamiser la vie locale.

Petit retour

Construite en 1995, la résidence du Rozic accueillait jusqu’à vingt personnes âgées dans un bâtiment de 1 000 m² composé de quatre ailes et une croix centrale traversée par deux couloirs les reliant. Géré par le CCAS, la résidence ferme ses portes en 2019 suite au bilan financier déséquilibré. Depuis, le bâtiment, bien qu’en bon état, demeure vide. Par ailleurs, la mairie et autres bâtiments communaux sont en moins bon état et posent un sérieux problème d’accessibilité et de confort.

La nouvelle équipe d’élus en place en 2020 choisit ainsi rapidement de rénover la résidence. L’objectif est de le réhabiliter pour y accueillir la mairie et des salles de réunion, le bureau de Poste, les archives de la commune, la médiathèque et des espaces attenants, des bureaux et salles à disposition d’associations ou professionnels et pourquoi pas, un tiers-lieu. Les élus, Guillaume Bodenez, maire, en tête, étaient convaincus qu’un projet de rénovation basé sur la frugalité et le réemploi des matériaux était possible.

Études préalables

En parallèle, Les élus confient une étude globale à l’échelle de l’ensemble du bourg en début de mandat à TLPA (architectes et urbanistes) qui propose des idées simples d’aménagement pour fluidifier les usages sur l’espace public et redonner à voir l’identité forte dirinonnaise.

La CAPLD (communauté d’agglomération du pays de Landerneau Daoulas) qui accompagne la commune l’incite à lancer une étude de faisabilité du projet de rénovation du Rozic qui sera menée en 2021 auprès de ENO architecture. Les conclusions techniques sont celles attendues dans sa dimension énergétique. En revanche, les différentes propositions de rénovation invitent à une frugalité modérée, à rebours des ambitions politiques sur ce projet. La ligne proposée par l’étude ne convainc que partiellement les élus qui rédigent eux-mêmes alors un programme emprunt des notions de frugalité, d’adaptation et de réemploi.

Un programme fondé sur la frugalité

Le programme permettant de recruter une équipe de maîtrise d’œuvre est ainsi finalisé fin 2021.

Extraits du programme

  • Dans une économie de moyen, l’idée première est bien de prendre le patrimoine tel qu’il est et d’adapter les pratiques à celui‐ci et non l’inverse : ce projet humble de rénovation, dans les murs existants, en préservant au maximum les cloisonnements existants, sans « grand geste architectural » , est un parti pris de départ de la maitrise d’ouvrage dans lequel le maître d’œuvre doit impérativement s’inscrire. La rénovation de ce bâtiment a donc ceci de singulier qu’elle devra être frugale.
  • La rénovation envisagée est relativement légère en terme d’intervention ; il ne s’agira pas de donner l’impression d’un bâtiment neuf, les évolutions pourront donner à voir l’usage initial du lieu, l’histoire du bâtiment. Les sols, par exemple, seront au maximum conservés et ceci même si différents types de sols doivent cohabiter côte à côte. En résumé, les signes et les témoignages de la première vie de ce bâtiment seront visibles et assumés.
  • La maîtrise d’œuvre devra travailler sur le sujet du mobilier, proposant des solutions originales et frugales (récupérer du mobilier d’occasion, transformer le mobilier présent sur place, design d’un mobilier sur mesure pour certains pôles…).
  • L’assistance à maîtrise d’ouvrage est assurée par les services techniques de la Communauté des Communes du Pays de Landerneau-Daoulas (CCPLD).

L’appel d’offre pour le recrutement d’une équipe de maîtrise d’œuvre est lancée début 2022. Dix équipes répondent à l’appel et trois sont invitées à présenter leur projet en mairie. Les élus demandent aux équipes de faire trois scénarios qui répondent à leurs exigences. C’est le cabinet Done architecture qui est alors sélectionné.

Les plans répondent tout à fait à nos attentes (frugalité, changement d’identité du lieu, concertation …) L’architecte a bien compris la philosophie du projet qui est la frugalité et l’idée de faire avec l’existant.

Guillaume Bodenez, maire

Conception

Done architecture (Brest) est mandataire du marché global alors que Florian Carré, architecte de l’équipe (qui a monté son propre cabinet au cours du projet) garde la main sur le suivi du chantier.

Le dessin du projet est sobre. La seule partie du bâtiment qui est modifiée est le patio central : il est proposé de retirer les deux couloirs qui s’y croisent et les reporter sur les côtés avec une partie en intérieur et l’autre en extérieur mais couvert pour protéger des intempéries. Est ainsi créé une sorte de « cloître » au cœur duquel un jardinet est aménagé. « C’est le seul geste architectural du projet qui redonne une forme de cohésion à l’ensemble » précise Florian Carré, architecte.

La disposition des espaces intérieurs est ainsi faite : l’accueil, la médiathèque, la mairie et la poste sont en façade, les salles associatives et les bureaux sont au deuxième plan alors que les espaces dédiés aux futurs « tiers-lieux » (dont les usages ne sont pas encore clairement définis) se situent au fond. Le bâtiment est toutefois conçu pour permettre un accès à toutes les salles par l’extérieur, sans nécessairement passer par l’accueil.

Un comité de pilotage constitué d’élus, d’usagers et de partenaires est ainsi créé pour discuter des différentes étapes : esquisse, avant-projet, et projet final validé fin 2022. Le permis de construire est validé en mars 2023 et les appels d’offre auprès des entreprises lancés dans la foulée. Les travaux démarrent début 2024.

Les travaux

Démolition – récupération – ré-emploi

L’architecte réalise un diagnostic pour identifier ce qui doit être gardé, ré-employé ou envoyé en recyclerie, aux services techniques ou, dernière option, en déchetterie. Ronan le Cornec gérant de l’entreprise «  Cyclope » (société coopérative d’activités et d’emplois) signe un marché en réponse à l’appel d’offre concernant le lot «  ré-emploi » . Il coordonne ainsi cette partie du chantier et travaille avec les recycleries locales (la réserve des matériaux à Brest et le Repair à Pleyber-Christ) qui sont invitées à participer aux chantiers de déconstruction/récupération.

Seulement ce qui n’était pas récupérable est resté sur place et/ou géré par les démolisseurs, notamment pour les éléments amiantés ; la démarche ici est exemplaire, vertueuse et économique ; on aimerait voir de plus en plus de chantiers comme celui-ci.

Ronan Le Cornec, entreprise Cyclope

Ré-emploi

Si la structure du bâtiment a été globalement maintenue, il a été choisi de conserver et ré-utiliser toutes les menuiseries démontées[CM7] [MM8] [MM9] , notamment la croix centrale du bâtiment qui étaient constituée de parois vitrées. D’un point de vue assurantiel, la mairie étant propriétaire des matériaux, elle s’engage au niveau des matériaux ré-employés alors que l’entreprise qui pose les menuiseries engage une assurance décennale à sur son travail.

Les ardoises des parties démolies sont récupérées, réutilisées ou envoyées en recyclerie. Les salles de bain et sanitaires attenantes aux anciennes chambres des résidents sont vidées de leur mobilier (envoyé en recyclerie) et les cloisons et murs en carrelage conservées. C’est ainsi qu’apparaissent ici et là des murs carrelés ou encore l’ancienne cheminée de la pièce de vie transformée en niche à livres, etc.

Le mobilier « daté » mais très qualitatif est rénové. Tous les sièges de l’ancienne maison de retraite sont refaits à Plougastel-Daoulas (entreprise Rénov’ siège) pour en habiller les locaux.

Les travaux sont finalisés début 2025. Les locaux de la mairie et médiathèque sont ainsi rangés et vidés (y compris les archives) pour pouvoir être déplacés. En décembre et janvier 2025, les agents des services (y compris la Poste), les élus et tous les bénévoles de la médiathèque intègrent les locaux, inaugurés en mai.

Espaces extérieurs

Les espaces extérieurs seront aménagés par les paysagistes concepteurs de l’« atelier Bivouac » à partir de récupération de matériaux mis en œuvre en lien avec les services techniques. Cela concerne l’ensemble des espaces autour du bâtiment ainsi que le patio central. Ils doivent être finalisés au cours de l’année 2025.

Galerie de photos… 2025

 

Un coût défiant toute concurrence

Le bâtiment de 1 000 m² a été intégralement rénové pour un coût ne dépassant pas le million d’Euros. Ce qui se traduit par un coût total de moins de 1 000 €/m².

Dépenses (HT)

Études et maîtrise d’œuvre : 76,6 K€

  • Architecte mandataire – Conception – Atelier DONE
  • Maîtrise d’œuvre – Exécution – Studio Bleu Brique
  • Paysagiste – Atelier Bivouac
  • Économiste – bureau d’études fluides – Techniconsult

Travaux : 873,4 K€

  • Cyclope, marché ré-emploi
  • Travaux démolition (désamiantage)
  • Travaux / réno / reconstruction
  • Travaux / VRD
  • Bivouac/espaces ext.

Total : 950 K€ (1,14 M€ TTC), soit 950€ HT/m²

Recettes

  • État (DETR 2022) : 150 000 €
  • État (DSIL 2022) : 125 000 €
  • État (DSIL 2023) : 75 000 €
  • Région (Bien vivre partout en Bzh) : 65 000 €
  • Département Finistère : 45 000 €
  • CAPLD : 140 000 €
  • Commune (reste à charge) : 350 000 €

Total : 995 000 € HT (1 140 000 € TTC)

Les subventions ont couvert 63% des coûts.

Le reste à charge de la commune

Il est financé par un emprunt bancaire ; les dépenses communales peuventt se ventiler ainsi :

  • Mairie : 130 000€
  • Poste : 50 000€
  • Médiathèque : 110 000€
  • ·Salles associatives : 60 000€

C’est imbattable d’avoir une mairie, une médiathèque, un bureau de poste, des salles associatives (et il reste quelques espaces qui cherchent encore leurs usages) pour ce prix !

Les cultures au pluriel et la démocratie sous le même toit, mairie et médiathèque, qui partagent ce hall ouvert à tou·te·s n’est pas anodin. Ce sont deux solides piliers pour affronter le monde de demain

Guillaume Bodenez, maire

Contacts

 

 

rédaction : septembre 2025

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