La Chapelle-Thouarault (35) : une association de maraîchage bio dans une ferme appartenant à la commune

Infos pratiques

Adhérent depuis 2007
Maire : Régine Armand
Adresse : Place Georges Padcett, 35590 La Chapelle-Thouarault
Téléphone : 02 99 07 61 41
Nbre d’habitants : 1935
Superficie : 8 km²
Intercommunalité : Rennes Métropole
www.lachapellethouarault.fr
Contact BRUDED : Mikael Laurent

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Suite à un héritage stipulant l’obligation de conserver la propriété pendant  50 ans, la municipalité s’est enquise de trouver un nouvel usage à une petite maison et ses 1,7 ha situés en zone agricole. Un projet qui fait suite à deux autres installations récentes en maraîchage bio.

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Des soutiens préalables à deux projets de maraîchage

« Il y a encore peu, la commune comptait huit agriculteurs laitiers et porcins mais aucun maraîcher » se souvient Régine Armand, maire. Un premier maraîcher s’installe en janvier 2019 sur 8000 m2 dont 4000 m2 appartenant à la mairie. « Il vend l’ensemble de sa production à un magasin bio, les capelthouarains ne peuvent donc pas lui acheter sa production en direct, un désir de circuit court que recherchent pourtant plusieurs habitants” estime la maire. En 2021, un nouvel habitant prend contact avec la mairie. « Il portait un projet de reconversion en maraîchage biologique et avait repéré un terrain de 1,2 ha avec une maison sur lequel était signé un compromis de vente avec des particuliers. Il m’a demandé d’écrire à la SAFER pour soutenir son projet qui comprenait de la vente directe ». La maire s’exécute. La SAFER préempte et, à l’issue d’un processus de remise du bien sur le marché, désigne le porteur de projet comme prioritaire : l’installation et la vente directe sont perçues comme des critères à forte valeur ajoutée. Cela lui permet de s’installer en janvier 2022. « Avec un autre producteur, ils ont porté la création d’une AMAP d’habitants » se réjouit l’édile.

Une donation d’une fermette

En 2011, Clothilde Pivan, une habitante de la commune fait don de sa maison en terre d’une trentaine de m2 au sol et des 1,7 ha de terre adjacents. En 2019, à son décès, elle désigne la commune comme légataire universel de sa succession. « C’était une femme que tout le monde connaissait et appréciait dans le bourg ; elle produisait des fleurs qu’elle vendait sur le marché des Lices à Rennes, était impliquée dans des activités associatives. Fille unique, non mariée, elle avait un rapport privilégié avec la municipalité. Elle nous a fait don de tous ces biens : la maison, un terrain, ses quelques meubles et sa 4L … à la condition que nous ne vendions pas son bien avant 50 ans ».

Des jeunes en quête de sens

Au démarrage du nouveau mandat, les élus vident la maison et se questionnent sur son devenir. « Nous n’avions pas d’idée préconçue : la proposer pour une activité associative, pour un projet agricole… ? sachant que la maison ne pouvait être habitable en l’état, et que nous ne souhaitions pas engager d’importants montants pour la restaurer ». Le covid passe par là ; avec lui des courriers arrivent en mairie par des personnes en recherche de nouveaux horizons. Parmi eux, celui de trois jeunes d’une trentaine d’années – Pauline, Hugo et Gauthier – impliqués dans une association rennaise de permaculture appelé l’îlot U, installée provisoirement en extérieur sur une ZAC de Rennes en cours d’aménagement. « Ils y pratiquaient diverses activités, du maraîchage, de la vannerie, de la poterie,… et allaient être évacués de la ZAC sous peu ». RDV est pris en mairie pour entendre leur projet.

Ils ont édicté des envies et des idées porteuses de sens. On a senti qu’ils voulaient vraiment s’impliquer sur la commune, qu’ils étaient désireux de créer un vrai lien social avec les habitants.

Régine Armand, maire

Les élus échangent entre eux et décident un mois après de leur faire visiter « Chez Clothilde ». « Nous étions en recherche d’un nouveau lieu. Le fait qu’il y ait un bâti, un accès à l’eau, à l’électricité étaient encore mieux que ce que l’on pouvait imaginer » témoignent deux membres du duo d’origine, devenu quatuor après le départ d’un des membres et l’arrivée de deux autres. La greffe est prise.

Un bail rural

Dans un premier temps, la municipalité envisage un bail emphytéotique de 50 ans avec les trois porteurs de projets. « On s’est finalement accordé sur un bail rural portant tant sur le terrain que sur le bâti pour un loyer modique de l’ordre de 200 €/an ». De ce fait la maison a été déclassée en bâtiment d’exploitation. Elle permet de disposer d’une salle de vie avec cuisine, douche et bureau à l’étage. « On a accepté qu’ils y réalisent des travaux en chantiers participatifs pour les usages de l’association ». Les porteurs de projets proposent, la municipalité valide et dépose les demandes de travaux. « On a refusé certains travaux qui venaient à transformer la structure du bâti que nous souhaitions conserver » précise la maire.

La question du logement

Dans leur idéal, les porteurs de projet souhaitent loger sur place, gage de leur plus grande implication dans la création d’un lieu de vie. Une possibilité que ne permet pas le classement en zone naturelle protégée de la parcelle. La municipalité opte pour une position de souplesse. « Nous avons accepté qu’ils puissent installer de l’habitat léger le long de la maison, à condition qu’il soit sans fondation et démontable. Nous sommes sur un terrain communal, et le projet porté par l’association se fait en pleine concertation. Nous nous rencontrons tous les ans pour évoquer leurs nouveaux projets » défend la maire qui envisage la création d’un STECAL pour régulariser la situation.

Une implication sur la commune

A leur arrivée sur la commune, les trois compères fondent l’association ‘Le Pas de Côté’ qui rassemble aujourd’hui une cinquantaine d’adhérents et sympathisants, dont de nombreux amis. « C’était l’outil le plus simple pour organiser des évènements, accueillir du public, lancer du crowdfunding pour financer des investissements sur la ferme » témoignent les quatre co-président.es. L’association propose de nombreuses activités qui participent à la vie de la commune :

  • Activités : production de jus de pomme, atelier de fabrication de cuillères en bois, projection à la salle socio-culturelle, marché de Noël, guinguette à la ferme aux beaux jours…
  • Pédagogie : les écoles et des associations locales sont régulièrement accueillies
  • Chantiers participatifs de restauration du bâti en terre

La production alimentaire de la ferme est portée par l’entreprise individuelle de Hugo qui a le statut de cotisant solidaire à la MSA. « Nous produisons une trentaine de légumes différents sur 1000m2, du miel, des champignons sur bûche et des œufs, grâce à notre poulailler mobile d’une trentaine de poules » témoigne l’équipe. Bien que située en fonds de vallée, l’arrosage de la parcelle s’avère nécessaire. « L’eau est apportée par de la récupération sur la toiture et par une mare alimentée par une source ».  Le modèle économique reste à conforter mais les membres actifs regorgent de projets.

Le prochain projet consiste à monter un bâtiment agricole avec des matériaux de récupération, pour servir d’entrepôt. Solène, l’une des co-présidentes est architecte de formation et produit les plans. La commune, est sur le point de démolir plusieurs maisons de centre-bourg pour développer des projets en renouvellement urbain. « Nous avons convenu de leur permettre de récupérer les matériaux 15 jours avant la démolition » indique la maire.

Une intégration rapide

La ferme est située dans un cul de sac qui débouche sur la voie cyclable reliant la commune à sa commune voisine. « Le week-end, il y a beaucoup de passage. Ils sont spontanément allés vers les gens et ont beaucoup parlé avec eux. Ils ont une forte appétence pour le contact. Leur intégration s’est extrêmement bien passée ».

Deux ans après leur installation, la maire exprime une réelle satisfaction.

Ils sont toujours pleins d’idées. C’est réjouissant. En deux ans, ils ont remis en l’état un terrain qui partait en friche, restauré le bâti qui se dégradait avec le temps, propose de la vente à la ferme, des activités… Ils travaillent au maximum avec des matériaux locaux, biosourcés ou de récupération, mobilisent des personnes pour venir les aider et sont toujours volontaires pour participer à des actions collectives.

Régine Armand, maire

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