Pipriac et Saint-Ganton (35) : Objectif zéro chômeur de longue durée, quand l’ensemble d’un territoire se mobilise

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Infos pratiques

Les municipalités de Pipriac et Saint-Ganton ont relevé le défi des territoires zéro chômeur de longue durée grâce à une démarche collective ! Ce projet est né du constat que personne n’est inemployable, que chacun a des compétences, que le travail ne manque pas et l’argent non plus.

Vidéo sur la démarche « Territoire zéro chômeur longue durée » à Pipriac et Saint-Ganton (35)

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Situées entre Rennes et Redon dans le sud de l’Ille-et-Vilaine, Pipriac et Saint-Ganton comptent respectivement 3 740 et 450 habitants. En 2014, alors que le territoire est touché de plein fouet par la baisse d’activité du groupe PSA, le chômage augmente sensiblement sur les deux communes.

Pipriac et Saint-Ganton : territoire choisi et volontaire

« Avec un taux de chômage avoisinant les 10 %, on ne pouvait pas rester les bras croisés ! » s’exprime Marcel Bouvier, maire de Pipriac entre 2008 et 2020.

Dès 2014, il est contacté par ATD Quart Monde et le Point Accueil Emploi de Pipriac, qui souhaitent créer des emplois d’un nouveau type. « A première vue, cela paraissait un peu utopique », se rappelle Marcel Bouvier. Rapidement, les deux maires donnent leur accord pour s’engager dans la démarche. Leur appui est indispensable pour porter politiquement le projet. Ils possèdent aussi la liste des chômeurs qu’ils peuvent contacter.

Une démarche expérimentale

C’est l’association ATD Quart Monde qui est à l’initiative de la démarche. Elle est formalisée début 2016 par la loi d’expérimentation de Territoires Zéro Chômeur Longue Durée, pour une période de 5 ans. Tous les chômeurs sans emploi depuis plus d’un an, volontaires, habitant les communes depuis au moins 6 mois, peuvent bénéficier d’un emploi à durée indéterminée, adapté à leurs savoir-faire et à temps choisi. Chaque personne est rémunérée au moins au SMIC. Le financement des emplois est assuré en partie par la réaffectation des coûts et du manque à gagner dus à la privation durable d’emploi (RSA, CMU…). L’autre partie du financement provient du chiffre d’affaires constitué par la vente des travaux et prestations réalisés par les salariés.

La nécessaire dynamique collective

Le travail s’amorce. Un comité local chargé de piloter le projet se met en place. Il regroupe les pouvoirs publics, chefs d’entreprise, pôle emploi, banques, artisans, associations, chômeurs. Il se réunit toutes les six semaines. Pour Denis Prost, coordinateur du projet pour ATD Quart-Monde, « c’est l’ensemble d’un territoire qui se mobilise. Tous les acteurs locaux ont participé au projet ». Dès novembre 2014, 120 personnes privées d’emploi depuis un an sont rencontrées en entretien individuel. La quasi totalité est volontaire pour être embauchée par la future Entreprise à But d’Emploi (EBE) créée dans le cadre de Territoires Zéro Chômeur.

Dialoguer pour définir des métiers non concurrentiels

Début 2015, l’expérimentation entre dans une phase délicate : l’identification de travaux utiles non concurrentiels. L’idée est de créer des emplois en CDI avec des activités inexistantes bien qu’utiles à la société, mais insuffisamment rentables pour être prises en charge par les acteurs du marché.
Un dialogue est engagé avec la centaine d’entreprises présentes à Pipriac et Saint-Ganton, pour veiller à ne pas faire concurrence à leurs activités. « Pour chaque activité, nous avons évalué la situation, fait en sorte que cela créé des emplois, pas que cela en détruise », témoigne Nicolas Cottais, chef d’une petite entreprise en informatique. Seize domaines d’activités sont ainsi identifiés : débroussaillage, atelier vélo, épicerie ambulante, création de meubles en palettes…

“Une relation de confiance s’est installée entre les entreprises, les chômeurs et les élus : des barrières sont tombées ! La grande force du projet est de recréer du lien social, ainsi les gens relèvent la tête.” témoigne Marcel Bouvier

TEZEA, employeur qui ne sélectionne pas ses salariés

En 2016, TEZEA, entreprise à but d’emploi (EBE) et non lucrative, voit le jour. Elle a trois missions principales : recruter les personnes privées d’emploi, prospecter les activités utiles qui ne sont pas réalisées sur le territoire, et veiller à la formation des salariés. A la différence d’une société classique, TEZEA ne sélectionne pas les candidats : pas de CV ou de lettre de motivation à rédiger. « Notre principal objectif est de créer autant d’emplois supplémentaires qu’il y a de demandeurs d’emploi et de travaux utiles non réalisés », explique Serge Marhic, son Directeur.
Pour fonctionner, TEZEA perçoit 19 300 € par an pour chaque équivalent temps plein, via un fonds abondé par l’Etat et le Département d’Ille et Vilaine. Un ETP lui revient environ à 27 000 €, en incluant le coût de fonctionnement de la structure. Le complément de 8 000 € est généré par le travail effectué.

Activités, emplois et retour de la confiance, un bilan positif

Entre janvier 2017 et juin 2019, 84 personnes ont été embauchées en CDI. Depuis, certaines sont parties vers des entreprises extérieures. Les activités se font plus diverses. Une recyclerie, une blanchisserie, une conciergerie ont ainsi été créées.
« Les personnes qui étaient au chômage, quand on les revoit six mois après, ne sont plus les mêmes », observe Jean-Claude Lubert, conseiller municipal et membre du conseil d’administration de TEZEA. Impliquée dans le projet depuis un long moment, Lucie témoigne « Cela faisait 8 ans que je n’avais pas travaillé, TEZEA a été un tremplin pour moi pour remettre le pied à l’étrier, reprendre une vie active ». Maxime, salarié de TEZEA, salue l’organisation de l’entreprise : « Ici, on a notre mot à dire sur ce qu’on veut. Les chefs sont assez compréhensifs, ce n’est pas comme si on travaillait à la chaîne dans une grosse usine. »

Et demain ?

TEZEA souhaite engager d’autres investissements pour créer des activités nouvelles. L’ambition est de voir grandir la structure pour atteindre l’objectif zéro chômeur de longue durée à Pipriac et Saint-Ganton. Début 2020, l’épicerie de Sait-Ganton, fermée depuis 18 mois, a ainsi pu rouvrir ses portes. Rebaptisée Epizea, elle emploie 8 personnes via TEZEA, qui se relaient sur les horaires d’ouvertures adaptés à ceux de l’école voisine. Une belle réussite pour plus de lien social !

Une expérimentation nationale qui essaime !

En 2016, 10 territoires volontaires ont été sélectionnés par le ministère du travail pour se lancer dans l’expérimentation. Ruraux ou urbains, ils comptent entre 5 000 et 10 000 habitants. Riche de ces premières expériences réussies, l’association nationale Territoire Zéro Chômeur de longue durée a lancé un appel pour une deuxième loi d’expérimentation ; 200 nouveaux territoires dont 9 en Bretagne et Loire-Atlantique sont prêts à se mobiliser pour déployer le projet et construire cette utopie réaliste.

 

Pour en savoir plus : Vidéo sur la démarche « Territoire zéro chômeur longue durée » à Pipriac et Saint-Ganton (35)

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