Lannion Trégor communauté (22) : Élus et agriculteurs co-construisent des solutions pour accélérer la transition écologique

Plage de la Lieue de grève

Infos pratiques

Adhérent : non
Président : Joël Le Jeune
Adresse : Lannion, France

Nbre d’habitants : 100 135
Superficie : 904,36 km²
Intercommunalité : Lannion-Trégor Communauté
www.lannion-tregor.com
Contact BRUDED : Cécile Jamoneau

Autres expériences de Lannion Trégor communauté

Les plans de lutte contre les algues vertes dans la Lieue de Grève ont montré que la coopération avec les agriculteurs et la valorisation de leurs efforts sont des leviers de réussite. L’agglomération s’en inspire pour accélérer la transition agricole et alimentaire sur son territoire.

Cliquez ici pour en savoir plus sur cette expérience

Au sud de Lannion, la Lieue de Grève est l’une des premières baies bretonnes à avoir été touchée par les marées vertes dans les années 70. Elle reçoit les eaux d’un bassin versant d’une superficie de 12 000 ha dont 6 500 de surfaces agricoles utiles (SAU) pour moitié en herbe.
Au début des années 2000, entre 19 000 et 24 000 m3 d’algues sont ramassées chaque année dans la baie et la teneur en nitrates dans les rivières, en grande partie d’origine agricole, dépasse en moyenne les 35 mg.l.

Impliquer les agriculteurs

Un premier plan de lutte contre les algues vertes (PLAV1) avait permis sur 2011/2016 l’accompagnement de 70 % des 160 fermes vers des systèmes générant moins de fuites d’azote. Cela s’est traduit par une augmentation de 4% de la SAU en prairies et une réduction de 6 unités d’azote/ha/an.
Forts de ces résultats encourageants mais insuffisants, les partenaires ont lancé le PLAV2 sur 2017/2021, avec pour horizon l’atteinte de la bonne qualité des masses d’eau côtières fixée par l’Europe pour 2027.
Le programme d’actions vise quatre objectifs majeurs pour 2021 : 20 mg/l nitrates en moyenne annuelle dans les 5 cours d’eau

  • 80 % de la SAU engagée dans la signature d’une charte
  • 80 % de couverture efficace des sols à l’échelle de la surface agricole du bassin versant pour limiter les fuites d’azote
  • Au moins 20 exploitations en bio sur le territoire

Le programme d’actions a été co-contruit entre la collectivité, les agriculteurs et les partenaires. C’est pourquoi je suis résolument optimiste sur sa réussite.

Edwige Kerboriou, agricultrice engagée dès le début dans la démarche.

Gouvernance partagée

LTC est pilote pour la mise en œuvre du plan. La gouvernance comprend trois instances principales :

  • Un comité de pilotage de 10 élus des communes du Bassin versant est en charge de la stratégie globale et de faire le lien avec le projet de territoire
  • Un comité relai, composé de 6 élus et 6 agriculteurs, assure la bonne coordination des actions entre la collectivité et les agriculteurs.

Elle sera élargie aux habitants avec la mise en place, courant 2021, d’un comité de suivi ouvert aux associations d’usagers du territoire (marcheurs, voile, … ).

Diversité des prestataires

La mise en œuvre de l’accompagnement technique des agriculteurs a été confiée à des structures professionnelles de conseil qui travaillent habituellement avec les agriculteurs.
Si la chambre régionale d’agriculture assure la majorité des actions d’accompagnement (conseil individuel, réalisation d’essais agronomiques, animation de groupes techniques agricoles, échanges parcellaires), le GAB 22 et le CEDAPA (asso pour une agriculture durable et autonome) organisent aussi des visites d’exploitations et des échanges de pratiques.

Mieux valoriser les efforts pour aller plus vite

(C) Lionel Le Saux pour LTC

Le bilan du PLAV1 avait fait ressortir que « la profession souhaitait une meilleure reconnaissance des efforts consentis au nom de l’intérêt général » selon Edwige Kerboriou, par ailleurs élue à la chambre d’agriculture. Elle se dit convaincue du bien-fondé de ces mesures : « Sur notre ferme laitière, elles ont donné un coup d’accélérateur à une démarche déjà amorcée vers un système plus résilient et moins fragile économiquement ». Toutefois, pour lever les craintes des plus réticents, il fallait proposer une meilleure valorisation de leurs efforts environnementaux.

Boucle vertueuse incitative

Une reconquête rapide de la qualité de l’eau sera profitable à l’ensemble de l’économie côtière et diminuera la facture de traitement par épandage des algues dont la moitié reste à la charge de LTC. Pour accélérer la dynamique, l’agglomération a mis en place la « Boucle vertueuse », un dispositif qui avait fait ses preuves sur le bassin versant voisin du Douron. En contrepartie du respect de critères environnementaux, les agriculteurs bénéficient de prestations assurées par des entreprises de travaux agricoles pour réduire l’utilisation des pesticides : entretien des bords de champs en zones humides, épandages de précision de fumiers, semis précoces de couverts végétaux ou encore le désherbage mécanique du maïs.

Vers une politique globale

La démarche collaborative de la Lieue de Grève a inspiré la mise en oeuvre d’une politique de transition agricole et alimentaire élargie au territoire. Pour Éric Le Creurer, élu communautaire en charge de l’économie agricole et de la transition agro-écologique : « Les élus doivent construire avec les agriculteurs des solutions qui leur permettent de capter de la valeur ajoutée ».
Selon lui, également agriculteur, cette politique doit s’articuler autour de trois piliers : « Protection de l’environnement, création de valeur ajoutée pour les agriculteurs , souveraineté alimentaire sur le territoire national et bien manger pour tous ».
Depuis 2018, LTC expérimente à l’échelle du pôle territorial de Plestin-les-Grèves un projet de développement de l’approvisionnement en produits locaux dans la restauration collective. Il est co-construit entre élus, cuisiniers, agriculteurs, fournisseurs… La méthode sera ensuite dupliquée sur les six autres pôles. LTC soutient également l’aide à l’installation des jeunes agriculteurs par une aide de 3 000 € majorée de 1 500 € si c’est en bio.

Les consommateurs ont aussi le pouvoir de faire évoluer le modèle agricoles. Les collectivités ont le devoir de favoriser le bien-manger local.

Éric Le Creurer, élu communautaire en charge de l’économie agricole et de la transition agro-écologique

Résultats encourageants

Outre l’objectif des 20mg/l en passe d’être atteint, d’autres signes positifs valident la dynamique positive en cours : 32 installations en bio sur 76 aidées depuis 2016 sur Lannion Trégor communauté, essor rapide des circuits courts. De quoi conforter la volonté de tous les acteurs impliqués dans la démarche de transition écologique engagée sur le territoire.

rédaction : septembre 2021

Documents techniques

Expériences similaires

Ils nous soutiennent

Aucaleuc Mima 1
Aucaleuc Mima 2Aucaleuc Mima 2
Aucaleuc Mima 3Aucaleuc Mima 3

Abonnez-vous à nos Brèves mensuelles

Recevez les actualités du réseau, des adhérents et de nos partenaires ainsi que des invitations aux événements régionaux


  Recevez nos Brèves mensuelles !