Guichen Pont-Réan (35) : dialoguer avec les agriculteurs et favoriser les pratiques agricoles durables

Infos pratiques

Adhérent : 2021
Maire : M. Dominique Delamarre
Adresse : Guichen, France
Téléphone : 02 99 05 75 75
Nbre d’habitants : 8847
Superficie : 42,99 km²
Intercommunalité : Vallons de Haute-Bretagne Communauté
www.guichenpontrean.fr
Contact BRUDED : Ivana Potelon

Autres expériences de Guichen Pont-Réan

La commune de Guichen Pont-Réan, située au sud de Rennes, a lancé une démarche ambitieuse en matière de soutien à l’agriculture locale. Celle-ci comprend plusieurs actions : sensibilisation des élus et agents, instauration d’un dialogue agriculteurs-élus-habitants, expérimentation de pratiques agroécologiques par les agriculteurs, soutien à la transmission, veille sur le foncier agricole. Elle s’est appuyée sur plusieurs acteurs pour mettre en œuvre ces démarches : Agrobio35, Chambre d’Agriculture d’Ille-et-Vilaine, le CIVAM 35 IT et Terre de Liens.

Crédit photos : commune de Guichen Pont-Réan

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Une présence agricole forte sur la commune

Sur cette commune constituée de deux bourgs, sont installées près de 40 exploitations dont 7 certifiées bio, et 10 autres aux pratiques durables. Le territoire communal s’étend sur 4600 ha dont 40% de surface agricole utile, d’après les questionnaires renseignés par les agriculteurs.

Objectifs des élus

L’équipe municipale élue en 2020 souhaite concourir à l’amélioration des pratiques agricoles, en lien direct avec les agriculteurs volontaires de la commune, sans opposer les systèmes. « La démarche vise à nous permettre – nous élus – d’avoir une image de ce qu’est l’agriculture dans la commune, de savoir ce qu’on veut dans cinq ans ou dix ans, de travailler avec les agriculteurs à long terme », explique Philippe Salaün, adjoint à l’urbanisme, au commerce et à l’agriculture. Il s’agit également, pour les élus, de « renouer le dialogue avec le monde agricole, avec un passif de nombreuses acquisitions et mises en réserve de foncier à des fins d’urbanisation ».

Un groupe de travail issu de la fusion de deux commissions

Pour porter cette démarche, le Bureau municipal a validé la création d’un groupe de travail composé des membres de deux commissions :

  • Commission urbanisme, commerce, agriculture ;
  • Commission transition écologique et cadre de vie.

Ce groupe de travail (GT) composé d’élus et d’agents, porte le chantier et assure l’interface avec l’ensemble du conseil municipal.

Notre objectif était de porter une démarche transversale, qui irrigue et soit partagée au sein du conseil municipal.

Laurence Bienne, adjointe à la transition écologique et au cadre de vie

Se donner une feuille de route claire en matière agricole

Face à la complexité technique, réglementaire, économique du sujet, le GT s’est tout d’abord formé au sujet de l’agriculture, du foncier, des enjeux de transmission, d’agroécologie, etc. Elle s’est pour cela appuyée sur Agrobio35 qui a animé plusieurs temps :

  • 1er atelier de sensibilisation globale aux enjeux agricoles ;
  • 2ème atelier ‘de terrain’ avec visite de la ferme de la Pampa à Bruz, site racheté par la commune qui y a installé des maraîchers, et construit un bâtiment pour proposer de la vente de produits et restauration. L’exploitation fournit également la restauration scolaire de Bruz en denrées alimentaires ;
  • Un 3ème temps a réuni la commune et différents partenaires : le service environnement de Vallons-de-Haute-Bretagne Communauté, la Chambre d’Agriculture, le CIVAM 35 IT, Terre de Liens pour prioriser les enjeux, travailler sur des orientations et pistes d’actions concrètes :
  • 4ème atelier pour élaborer la feuille de route communale en matière agricole. Celle-ci propose les actions, les moyens, les chantiers à mener par la commune, dans un grand tableau excel. « Nous avons eu des difficultés à nous approprier cette feuille de route au départ, car elle contenait beaucoup d’actions. Nous avons mené un travail en interne pour reposer les objectifs avec les élus, réorganiser les idées, hiérarchiser les actions à mettre en place » se souvient Lucie Augereau, responsable du service urbanisme de la commune.

Ainsi, le groupe de travail a mis de côté les préconisations portant sur le volet alimentaire, sur lequel la commune avait déjà bien avancé : appui sur une cuisine centrale qui prépare 1100 repas / jour, avec 31% de produits bio auxquels s’ajoutent 17% de produits durables. La restauration scolaire n’utilise aucun contenant plastique, et a réduit drastiquement le gaspillage. Elle propose par ailleurs un repas végétarien hebdomadaire, conformément à la règlementation.

Dialoguer et accompagner le changement de pratiques des agriculteurs

« Nous nous sommes appuyés sur la Chambre d’Agriculture pour accompagner les exploitants, sur des pratiques plus durables. Celles-ci ont été adaptées chaque année selon les besoins et demandes : désherbage de maïs, semences de fleurs … » indique Laurence Bienne. Il s’agit d’une démarche de « petits pas », qui a le mérite d’initier le changement et surtout de faciliter le dialogue entre la commune et les agriculteurs, et entre les agriculteurs eux-mêmes.

Chaque année, on fait le point avec les agriculteurs sur les actions menées et ce qui pourrait être fait. Cela crée du lien entre la municipalité et les agriculteurs, et entre agriculteurs aussi, et fonctionne plutôt bien.

Laurence Bienne, adjointe

Concernant le test du désherbage mécanique du maïs en 2023, un passage unique a été réalisé, sans être très concluant. Les expérimentations menées en 2024 n’ont pas bien fonctionné car la météo était trop humide, les sols trempés : cela a été très compliqué. Il faut aussi accompagner en amont les agriculteurs à la préparation adaptée du sol et des semences, pour que le désherbage soit efficace. En 2025, plusieurs agriculteurs acceptent de recommencer, et la Chambre d’agriculture va faire un bilan de ce désherbage mécanique au SPACE : « Cela chemine un peu même si on est vraiment sur des petits pas. »

Rapprocher le monde agricole et les habitants

« Les agriculteurs nous faisaient remonter que les habitants ne connaissent pas les fermes, se baladent sur les terres ; ou encore que l’épandage d’engrais fait grogner. Face à cela, nous avons souhaité faciliter la compréhension du travail agricole par les habitants » indique Laurence Bienne.

La commune a donc proposé à tous les agriculteurs de son territoire de participer à l’action « Tous à la ferme », consistant en une porte ouverte de leurs exploitations. Le principe est d’inviter les agriculteurs à expliquer leur travail, de la façon dont ils le réalisent, pour que l’habitant soit informé et comprenne comment fonctionne une ferme. « Ça a très bien marché, il y avait beaucoup de monde ». Le bémol réside dans la représentativité du monde agricole, car seules les fermes en agriculture biologique y ont participé. Pour embarquer plus de monde, la municipalité réfléchit à lancer en 2025 un rallye à la ferme sur 2 jours : plusieurs fermes se sont dit intéressées.

Préserver le foncier et installer de nouveaux agriculteurs

En 2024, les élus se sont attaqués au sujet du foncier agricole, qui s’est avéré très complexe pour eux comme pour les agents. L’objectif était de cerner les possibilités d’intervention sur des ventes de terres agricoles qui partent vers des usages non agricoles, et d’aider à la fois de nouveaux agriculteurs à s’installer et ceux existants à perdurer.

La commune a mené plusieurs actions :

  • Recours à l’association Terre de Liens pour former le groupe de travail sur ce sujet complexe du foncier, au travers de deux séances de travail ;
  • Mise en place d’une convention de veille sur le foncier avec la SAFER (Vigifoncier) : en cas de vente, la commune peut interpeller la SAFER pour une préemption puis proposition du foncier à des agriculteurs. La commune a également la possibilité de préempter. En revanche, Philippe Salaün précise que « nous sommes démunis sur certaines ventes de maisons avec grands terrains, que ni la commune ni la SAFER n’ont les moyens d’acheter » ;
  • Intervention du CIVAM 35 IT en 2024, missionné par la commune pour sensibiliser les agriculteurs à la transmission : « Beaucoup d’agriculteurs vont partir à la retraite dans 5 à 10 ans, avec des phénomènes d’éclatement et/ou d’agrandissement. Ça nous questionne » indiquent les élus qui ont sélectionné une liste d’agriculteurs à partir de plusieurs critères dont l’âge, pour les interpeller sur le sujet de la transmission, ce qu’ils en pensent. « Le CIVAM 35 IT est allé à leur rencontre, directement sur leur ferme, sans rdv. Les résultats sont encourageants, avec 2 fermes qui ont souhaité prendre des rdv pour porter des réflexions ». Dans ce cas, les exmploitants passent en direct avec le CIVAM 35 IT pour bénéficier d’un accompagnement spécifique ;
  • Interrogation sur l’opportunité d’organiser un atelier de sensibilisation à la transmission, « mais nous craignons qu’il n’y ait pas assez de monde. La Chambre d’agriculture propose aussi un atelier à l’échelle de notre communauté de commune, sur la transmission. Nous ne voulons pas faire doublon. »

Une démarche ‘sensible’ qui commence à porter ses fruits

Si le sujet n’est pas forcément une priorité pour une grosse partie de l’équipe municipale, la démarche a néanmoins eu le mérite de faire avancer le dialogue et la connaissance du sujet par élus et agents. « Le GT est très sensibilisé sur ce sujet, impliqué, mais ce n’est pas facile de porter ce sujet au sein du collectif ».

Côté agriculteurs, les échanges ont pu être tendus au départ avec une partie des exploitants qui ont perçu une forme d’incitation / obligation à aller vers le bio : « il faut être très vigilants sur la façon de communiquer ; les élus ont réexpliqué leur volonté d’accompagner les agriculteurs dans la transition, de tester des choses, de dialoguer et comprendre les difficultés qu’ils rencontrent. On essaie aussi de travailler avec plusieurs instances, consulaires, groupements d’agriculteurs, pour toucher tous les agriculteurs, ne pas créer des situations de blocage ».

A n’en pas douter, la démarche a permis d’instaurer un dialogue : l’agriculture a sa place, et n’est pas oubliée par les élus. Cela a aussi permis de valoriser le fait que les agriculteurs sont acteurs du territoire.

Le fait d’avoir une agricultrice dans notre équipe municipale a aussi aidé : elle a contribué à relancer le lien avec les agriculteurs, à transmettre des informations.

Laurence Bienne

Soutenir le déploiement d’un marché

« On avait un marché bio le jeudi soir depuis plusieurs années, qui marchait plus ou moins bien », indique l’adjointe. Le boulanger s’est attelé au développement de ce marché avec des producteurs, dont un éleveur de chèvres bio de la commune. Une dynamique se créée avec la constitution d’une asso d’une dizaine de producteurs, qui propose des animations festives, y compris sur les fermes. « Nous sommes à l’écoute des besoins des producteurs, dont la constitution en association facilite les choses. La commune relaie la communication pour favoriser la dynamique du marché » rappelle l’adjointe.

L’association est également allée à la rencontre d’autres communes proches, pour leur proposer un marché ‘clés en main’. La commune de Saint-Senoux, également adhérente à BRUDED, accueille ainsi depuis quelques semaines une dizaine de producteurs, qui rencontrent un franc succès et concourent à la dynamique du bourg !

Conventionnements et budget

La commune a mis en place plusieurs partenariats :

  • avec la Chambre d’Agriculture, avec un conventionnement portant sur l’accompagnement d’agriculteurs. A titre d’exemple pour 2025, l’accompagnement aux pratiques d’agroécologie a représenté un coût de 2 195 € TTC pour la commune.
  • avec Agrobio35, pour la sensibilisation du groupe de travail et l’élaboration de la feuille de route communale au travers de quatre ateliers. Coût de l’intervention : 7 000€ HT.

Elle a également missionné le CIVAM 35 IT pour aller à la rencontre des agriculteurs sur le sujet de la transmission, et Terre de Liens pour deux ateliers de sensibilisation et outillage du groupe de travail sur le foncier agricole et les leviers d’actions à disposition de la municipalité.

Rédigé en juin 2025

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