Le Baranoux, un café-épicerie culturel et coopératif soutenu par la municipalité de Saint-Senoux (35)

Infos pratiques

Adhérent : 2020
Maire : Maryline Lair
Adresse : Saint-Senoux, France
Téléphone : 02 99 57 86 20
Nbre d’habitants : 1850
Superficie : 18,29 km²
Intercommunalité : Vallons de Haute-Bretagne Communauté
www.saintsenoux.fr/
Contact BRUDED : Ivana Potelon

Autres expériences de Saint-Senoux

Le bar-épicerie coopératif Baranoux est né en 2019 d’un petit groupe d’habitants désireux de créer un café culturel. Celui-ci est installé dans une maison en cœur de bourg qui appartient à la commune. D’importants travaux ont été réalisés pour adapter les lieux aux multiples activités envisagées par les habitants. Un projet porté en lien étroit avec la municipalité, qui contribue à dynamiser le centre bourg !

Cliquez ici pour en savoir plus sur cette expérience

Un bar-épicerie à l’activité fragile

Depuis 20 ans, un bar-épicerie est installé dans une maison appartenant à la commune situé en face de l’église. Le commerce fait l’objet d’un bail commercial et dispose d’une licence IV attachée au bâtiment. Mais au fil des années, plusieurs exploitants se sont succédés ; tous les trois à cinq ans le fonds de commerce a ainsi changé de main.

Le couple qui faisait vivre le lieu depuis quelques années a décidé d’arrêter son activité en 2018 ; il en avait pourtant fait un lieu convivial, un point de rencontre pour les habitants et personnes de passage sur la commune, mais n’arrivait pas à dégager un revenu suffisant malgré la grande amplitude des horaires d’ouverture. A l’été 2018, le couple a donc quitté l’appartement du premier étage qu’il occupait, et mis en vente le fonds de commerce. La commune, propriétaire des lieux, a donc recherché des repreneurs sérieux, une gageure pour ce petit commerce ; et en effet, les candidatures ne sont pas nombreuses.

Un bar-épicerie porté par les citoyens ? Des visites et retours d’expériences pour défricher le terrain

Une poignée d’habitants a alors eu l’idée de reprendre la gestion du bar-épicerie sous forme participative. Le petit groupe a commencé par se nourrir d’autres expériences de commerces participatifs, épiceries, café, lieux d’animation, etc : le Café des possibles à Guipel (35), le Guibra à Saint-Sulpice-la-Forêt (35),  le Bardac à Saint-Aubin-du-Cormier (35), Le Trémargad café (22), Le Champ Commun à Augan (56).

Appel aux forces vives locales !

Riche de ses expériences réussies, le collectif organise en octobre 2018 une réunion publique pour présenter le projet, à laquelle pas moins de 70 personnes de Saint-Senoux et des communes voisines, participent. Suite à cette réunion, une vingtaine de personnes créent un comité de pilotage citoyen.

Une enquête pour définir les activités et le ‘vivier’ participatif

Le comité de pilotage s’attelle au montage du projet, à commencer par l’achat du fonds de commerce. Accompagné par le pôle ESS Vallons solidaires, il lance également une étude de marché au travers d’un questionnaire distribué dans toutes les boites à lettres de la commune. Il a été également déposé dans des lieux stratégiques de la commune, envoyé par mail et était accessible via le web (site Internet, Facebook). L’étude visait2 objectifs:

  • préciser les besoins et attentes de la population en termes d’activités et de services
  • s’assurer de la mobilisation citoyenne pour porter le projet : achat de parts sociales pour devenir sociétaires et/ou bénévoles d’une future SCIC (société coopérative d’intérêt collectif).

Le résultat est encourageant avec 290 personnes qui ont répondu au questionnaire ! Les retours démontrent une attente des habitants de la commune (45%) et limitrophes (25%) mais aussi d’un territoire élargi (30% autres communes). En termes d’activités, les besoins ont orienté le collectif vers le développement d’un commerce bar, épicerie multiservices et intergénérationnelle, avec une forte attente en matière culturelle et évènementielle (spectacles, concerts), et des animations « par et pour les habitants ».

Les besoins recensés pour l’épicerie visent une gamme complète, à la fois en bio et conventionnelle, privilégiant les produits locaux et le vrac, ainsi qu’une petite cave à vin. La restauration sera seulement occasionnelle, faute d’un besoin régulier.

> Consulter les résultats de l’étude de marché sur le site du Baranoux

Une gestion coopérative avec la création de la SCIC Baranoux

En parallèle, le collectif travail au montage juridique et financier. Le collectif souhaitant  une implication citoyenne la plus large possible, et portant un projet d’activité économique avec salariat, le choix du statut SCIC (Société Coopérative d’Intérêt Collectif) s’est imposé. La SCIC associe les bénéficiaires, les bénévoles, les sociétaires, les producteurs, le(s) futur(s) salarié(s) ainsi que différents partenaires (associations, collectivités locales, club de financeurs CIGALES, etc.), sous la forme d’une SAS (Société par Action Simplifiée) à capital variable.

Ce modèle d’organisation permet de réunir des sociétaires engagés pour des raisons et de manières différentes dans le projet et d’organiser leur participation aux décisions dans le cadre de commissions selon le principe une personne = une voix. Les contributeurs directs à l’activité disposent de 70 % des pouvoirs en AG, répartis comme suit : les Veilleurs (sociétaires du groupe d’initiateurs et personnes participant concrètement à la vie des commissions depuis au moins un an) portent 42 % des pouvoirs, le(s) futur(s) salarié(s)s 10 % , les bénévoles engagés dans les actions d’animation 18 %. Enfin, les sociétaires bénéficiaires et les partenaires (financiers, institutionnels…) ont respectivement 15 % des pouvoirs.

> Consulter les statuts juridiques de la SCIC Baranoux

Définir un projet viable 

Sur la base de l’étude de marché, le comité de pilotage citoyen a précisé le montage financier du projet, afin d’assurer la municipalité (propriétaire des murs) de la viabilité du projet, et de rechercher des investisseurs de façon complémentaire aux sociétaires individuels. Le budget a été calculé au plus juste, concernant les recettes, avec un chiffre d’affaires prévisionnel de 93 000€ basé sur les exploitations précédentes. Le budget associe des parts sociales de personnes physiques (101 sociétaires ont souscrit des parts d’au moins 100 €, soit 38% du budget), des prêts bancaires, du financement citoyen (via les clubs d’investisseurs Cigales Bretagne), le soutien dde la Fondation Raoul Follereau et des dons.

En premier lieu, le collectif prévoit de réouvrir l’épicerie-bar en élargissant la gamme de produits proposés : bio, mais aussi produits conventionnels de dépannage, avec la part belle faite au vrac. Le tout, sur une amplitude horaire large. Le bar et la petite restauration doivent équilibrer les recettes.

Pour assurer la pérennité du projet et éviter l’essoufflement, l’idée force est que le lieu soit mis à disposition des habitants pour que chacun puisse organiser des animations et activités diverses. L’appartement situé à l’étage du bar-épicerie va donc être réaménagé pour accueillir un espace de travail partagé et une salle de réunion.

Le soutien de la commune

Location des locaux par la commune : bail commercial avec loyers progressifs

Suite à la constitution de la SCIC, un bail commercial a été signé entre cette dernière et la commune, en décembre 2019 ; le bail concerne à la fois les locaux commerciaux situés en rez-de-chaussée du bâtiment, et le logement situé à l’étage. La partie commerciale est louée 400 €HT / mois  (et 480€ charges comprises) ; le logement est pour sa part loué 357,80€ charges comprises.

Afin de soutenir la coopérative dans le lancement de son activité, la commune a mis en place un loyer progressif sur 9 ans pour la partie commerciale, inscrit dans le contrat de bail :

  • 50 € HT / mois les 12 premiers mois
  • 150 € HT / mois les 24 mois suivants
  • 200 € HT / mois les 24 mois suivants
  • 250 € HT / mois pour les 24 mois suivants
  • 300 € HT / mois pour les 24 mois suivants

Le loyer du logement restera quand à lui stable à 357,8 € HT / mois.

Des travaux partagés entre la commune et la SCIC

La précision des activités proposées a amené les sociétaires à repenser l’aménagement des locaux, en lien avec la commune propriétaire des lieux :

  • La municipalité a ainsi pris en charge les travaux de gros œuvre d’isolation, d’aménagement d’une terrasse à l’arrière du bâtiment, donnant sur le jardin (avec le soutien du Département). Pour cela, la commune a confié le projet au cabinet de maitrise d’oeuvre Habitat durable (Guignen, 35).
  • Les aménagements intérieurs ont été réalisés par la SCIC : peintures, sols, décoration intérerieure.

La commune ne souhaitant pas mettre la coopérative en difficulté financière du fait des délais nécessaires à la mise en oeuvre des travaux  (notamment pour la mise en concurrence, etc) et dans le contexte de la crise sanitaire liée au Covid, les élus ont choisi de suspendre les loyers jusqu’à l’ouverture effective du Baranoux. Les loyers seront ensuite progressifs, afin de laisser le temps au Baranoux de consolider son chiffre d’affaires (voir ci-dessus).

Par ailleurs, la commune soutient le Baranoux en termes de communication.

Des activités multiples

A l’été 2020, les coopérateurs ont animé Les Estivales en proposant des temps d’animation et de convivialité, des concerts, un atelier d’écriture, une friperie… grâce auxquels les habitants ont pu rencontrer les bénévoles et échanger sur le projet, favorisant son appropriation par le plus grand nombre.

En 2024, outre les activités d’épicerie et de bar, le Baranoux développe également un service d’accueil d’étape, suite à l’aménagement de 2 chambres et d’un dortoir dans les étages du bâtiment. “Nous souhaitons que cet hébergement soit convivial et accessible“, témoigne l’équipe ; les espaces nuit sont également mis à disposition des artistes qui se produisent au café.

 Une équipe salariée progressivement consolidée

La coopérative a recruté 2 salariés pour l’épicerie et le bar/restaurant. Les salariés sont aussi sociétaires (le collège du personnel dispose de 10 % des voix au conseil coopératif), ce qui suppose qu’ils adhèrent au projet ; cela leur permet ensuite de participer aux décisions. Le recrutement de ces deux  salariés, qui sont épaulés par des bénévoles, permet d’avoir une ouverture sur une large amplitude horaire de l’ordre de 65 h par semaine, tous les jours sauf les mardis.

En 2024, la coopérative créé un troisième poste salarié qui rejoint une équipe désormais constituée d’une coordinatrice et de deux salariées qui gèrent l’épicerie et le bar. “Ce recrutement vient également pallier la petite diminution de l’implication bénévole que nous vivons depuis quelques mois”, indiquent les salariées.  Néanmoins à ce jour, une trentaine de bénévoles actifs se relaient toujours aux côtés des salariées pour faire vivre le lieu !

Budget des travaux portés par la commune

Total des dépenses : 270 928€ TTC, dont :

  • Maitrise d’oeuvre et études diverses : 28 974€
  • Travaux : 196 800€
  • TVA : 45 154€

Recettes : 

  • Etat (DSIL) : 59742€
  • Département d’Ille et Vilaine, ispositif dynamisation des centres-bourgs : 40 000€
  • Région Bretagne, dispositif bien vivre en Bretagne : 16 676€
  • Récupération TVA : 44 442€
  • Autofinancement : 110 067€

Rédigé en 2021  -mis à jour en avril 2024

Documents techniques

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