Le Guibra : une taverne agri-culturelle à Saint-Sulpice-la-Forêt (35)

Réouvert en 2016

Dernier commerce de la commune, le Bar “Le Guibra” avait connu jusqu’en 2015 une succession de reprises. En 2011, la municipalité avait décidé de racheter les murs (Coût de l’acquisition : 110 000 € + 40 000€ de travaux en 2012/2014) mais la dernière reprise, malgré une proposition culturelle, fut un échec qui a entrainé sa liquidation financière.

En 2015, la municipalité lance un appel à projets destiné à des personnes ayant une expérience du commerce en milieu rural et de l’économie sociale et solidaire avec l’objectif de trouver une offre diversifié qui répondent aux attentes des habitants en terme de services : Un Bar/Épicerie/Restaurant/Café culturel… Y était aussi notifié l’engagement de la commune à soutenir le projet.

Si la collectivité attend d’un commerce qu’il remplisse certaines missions qui sont d’intérêt général,  elle doit lui apporter un soutien politique

Yann Huaumé, maire depuis 2014

C’est un collectif de six copains proposant « un lieu de vie ouvert toute la journée, pour permettre aux gens de se retrouver et en même temps de faire leurs courses, dans le village » qui a été retenu. Dès lors, la mairie a entrepris des travaux de rénovation du bâtiment et de réaménagement des lieux, en concertation avec les futurs gérants. Deux enveloppes de 25 000€ chacune ont été voté successivement par le conseil (avant l’ouverture en 2015 puis en 2017). L’ouverture du nouveau Guibra s’est faite en avril 2016.

La mairie a fait le choix d’une location avec un bail commercial car il protège plus le porteur qu’une convention.

Commerce et lieu de vie

Au fil des ans l’offre du Guibra s’est étoffée et diversifiée.

Côté commerce :

• Le bar qui privilégie les boissons locales : bières, jus de fruits, …
• L’épicerie propose une large gamme de produits alimentaires pour la plupart issus de l’agriculture biologique et locale. Mais aussi des produits frais et secs conventionnels ainsi que des produits de dépannage.
• Le restau table sur « fait maison » avec des produits de saison, locaux et bio.

Côté culture, la palette est large : concerts, repas-spectacles, expositions, café philo, ateliers tricots, apéros thématiques, ateliers p’tits bouts (0-3 ans), une armoire de « livres échange »…  Le Guibra porte aussi des projets ponctuels comme ‘’En-Chantez’’ né d’une envie d’habitants de chanter ensemble, toute l’année, partout, tout le temps sur Saint-Sulpice-La-Forêt

Côté services on peut y faire des photocopies ou se connecter à la Wifi.

Fonctionnement associatif et gouvernance partagée

Le lieu fonctionne avec cinq des six membres fondateurs devenus salariés de l’association, soit un peu moins de 4 ETP, certains faisant 24h par semaine.

Le collectif s’est élargi et il compte 34 membres. Une collégiale de 11 personnes fonctionne comme un conseil d’administration mais sans président, ni trésorier ou secrétaire. Une organisation qui correspond au mode de fonctionnement horizontal de la structure.

Un lieu de vie ouvert à tous en cœur de bourg, festif, animé par, pour et avec les habitants.

Le collectif du Guibra

Des commissions ont été créées : gestion, programmation, communication, travaux, bar, épicerie et restauration. Pilotées par un membre de la collégiale, elles donnent les orientations et évaluent les moyens à mettre en place en veillant à l’équilibre financier. La création d’une SCIC est une possibilité envisagée.

Des soutiens au démarrage et sur la durée …

Le soutien de la commune a été et reste déterminant. Outre l’acquisition du bâtiment et sa rénovation la municipalité apporte aussi une aide à l’organisation d’événements. Par ailleurs :

• L’épicerie bar a bénéficié d’une aide à l’investissement et à la création d’emplois pour un montant de 9000 €, via un appel à projet de Rennes Métropole destiné aux entreprises de l’économie sociale et solidaire.
• Le Département 35 a soutenu dans le cadre de l’Appel à projet pour la « Redynamisation des centres bourgs et l’accessibilité des Services au Public » autour des actions portées par les habitants pour un montant de 15 000€.
• La CAF 35, spécifiquement auprès du Club Parents « La Forêt des Parents »
• Le Fond GIP Cafés-Cultures (pour l’emploi des artistes lors des soirées concerts et spectacles).

… qui doivent être réaffirmés régulièrement par les élus

Le fort soutien de la municipalité à un projet novateur a pu interroger certains élus et une partie des habitants. Yann Huaumé se souvient que “la prise de risque a interrogé au sein du conseil et une partie de la population. Dès lors, la mairie est devenue “redevable” de la réussite ou non du projet de “dernier commerce”. Nous avons surtout été des facilitateurs du projet et avons beaucoup communiqué auprès des habitants pour qu’ils soient “consom’acteurs” localement ; mais la réussite est avant tout grâce au travail très important du collectif du Guibra !”

La municipalité est très attentive à l’évolution du projet et aux attentes de l’association. Des points réguliers (à minima tous les ans) permettent de voir leurs réussites, leurs difficultés…

On a une obligation de maintenir un discours politique sur ce que le projet apporte en plus au territoire et pourquoi on le soutient.

Yann Huaumé, maire