Les contours du projet « Habiter autrement à Silfiac (56) » : habitat léger et participatif

Silfiac est une commune de 499 habitants du Centre-Bretagne. Elle a conçu dès 2005 l’un des premiers éco-lotissements de Bretagne démontrant ainsi qu’il était possible de répondre aux enjeux de développement durable. Forte de cet héritage, elle poursuit son développement à travers un projet considérant les nouveaux enjeux portant sur l’artificialisation des sols et l’accès au logement, sans oublier les valeurs écologiques inhérentes aux projets de la commune depuis vingt ans.  

Un projet né d’une contrainte… devenue opportunité

Initialement, la commune envisageait d’étendre son lotissement écologique en périphérie de celui-ci. Mais l’évolution du Plan Local d’Urbanisme intercommunal (PLUi) de Pontivy Communauté, qui encadre strictement les nouvelles constructions pour préserver les terres agricoles et naturelles, a rendu ce terrain inconstructible en 2021. Désormais, la quasi-totalité des surfaces constructibles restantes sur la commune ne lui appartient pas. 

Ce même PLUi impose de nouvelles densités peu communes pour des secteurs très ruraux et des formes urbaines contraignantes. « En imposant vingt logements à l’hectare, il faut être inventif pour continuer à rendre nos projets attractifs ». Plutôt que d’y voir une impasse, la municipalité a décidé d’en faire un levier de transformation. 

Nous avons voulu transformer cette contrainte en opportunité. L’idée n’est pas de construire un nouveau lotissement classique, mais de réinventer l’habitat en cœur de bourg, avec des logements légers, des espaces partagés et une implication directe des habitants dans la conception du lieu.  

Olivier Constant, maire 

Un développement anticipé et réfléchi

Une anticipation en matière d’urbanisme effectuée par la municipalité précédente permet d’identifier une zone en UB d’un hectare dans le cadre d’un schéma directeur en 2011 puis conforté par le PLUi de 2021. Judicieusement placée en continuité urbaine, elle dispose d’anciens bâtiments en ruine qui freinent tout idée de projet sur un terrain nu mais qui ouvre toute latitude lorsqu’on est inventif. 

Malheureusement, l’acquisition de cette parcelle s’avère compliquée : ses propriétaires britanniques l’ont abandonné depuis quinze ans et il faut les convaincre de le céder à l’euro symbolique compte tenu du coût exorbitant de curage et de rénovation. Après deux ans de négociation et le lancement d’une procédure d’expropriation pour abandon manifeste, l’achat se règle finalement à l’amiable pour une somme valant la levée de l’hypothèque et les frais de procuration (payants au Royaume-Uni), soit environ 600€. La commune en devient propriétaire en mars 2025. 

Un sous-zonage spécialement dédié

En parallèle, la commune engage une autre procédure fastidieuse, grâce à l’appui du service urbanisme de Pontivy Communauté : la modification du PLUi afin de créer un sous-zonage UBhd qui permet de déroger à certaines règles de la zone UB : « La zone UBhd est destinée à l’accueil d’habitat léger réversible. La variété des formes urbaines y est admise. Cependant, les constructions devront présenter une certaine qualité. Ainsi, l’emploi de matériaux de fortune est interdit. Les revêtements d’aspect toile ne sont pas autorisés ». Autres dérogations : la possibilité de non-raccordement aux réseaux et l’autorisation des résidences mobiles. Enfin, elle augmente le seuil pour se passer d’un permis de construire et se contenter d’une simple déclaration de travaux de 20 m² à 40 m². En revanche, une obligation supplémentaire (qui ne devrait pas déranger les porteurs de ce type de projet) : l’installation d’un système de récupération d’eau de pluie.  

Un site propice au projet

La commune est donc propriétaire d’un terrain d’environ 9000 m² (quelques parcelles n’ont pas pu être acquises) dont les règles d’urbanisme autorisent donc l’installation d’habitat réversible. Il comprend également deux corps de fermes, un hangar agricole et un manoir du XVIIIe siècle à l’abandon. Réhabilité, ce dernier pourrait, par exemple, devenir un espace commun ou un habitat partagé pour les futurs habitants. « En fonction du scénario retenu par les futurs habitants, certains bâtiments seront peut-être démolis. Ce sera l’occasion de réemployer les matériaux issus de cette déconstruction ».  

Situé en cœur de bourg, il est à moins de 200 m de l’école, les commerces, la mairie, les salles polyvalentes, les départs des cars pour les collèges et les lycées. Les futurs habitants pourront se passer de voiture pour une bonne partie des tâches de la vie courante. Et pourquoi pas d’ailleurs choisir d’avoir un véhicule partagé pour les déplacements obligatoires.  

Habitat réversible, habitat participatif

Tout a été pensé pour permettre l’installation d’habitats réversibles. Ces logements auront une empreinte réduite, tant sur le plan écologique que financier : un habitat léger peut coûter entre 20 000 et 60 000 euros, une alternative bien plus accessible à la construction classique.  Les bâtiments actuels laissent entrouverte la perspective d’un habitat partagé grâce la réduction des surfaces privatives au profit du commun : réhabilitation de la grange historique, jardin, …  « Ce type d’habitat peut répondre aux besoins de jeunes ménages, de personnes âgées ou de professionnels qui souhaitent s’installer dans un cadre collectif, en réduisant leurs coûts de construction, mais aussi leur dépendance à la voiture ». 

Un hameau co-construit avec ses habitants

Le projet est développé en partenariat avec deux structures spécialisées : L’Écho-Habitants, experte de l’habitat participatif, et Graines d’Habitants, agence d’architecture en rénovation durable. Leur mission : accompagner les futurs habitants dans la conception de leur quartier, du choix des logements à l’organisation des espaces partagés, en passant par les montages juridiques adaptés. Cet accompagnement se fait sous prestation d’un montant de 18K€ comprenant une phase exploratoire (communication et acculturation) et une phase émergence (structuration et programmation) qui aboutira à la sélection de la maîtrise d’œuvre. Cette somme correspond peu ou prou à la subvention allouée par la Fondation de France dédiée aux dépenses exploratoires de ce type de projet (constitution d’un groupe, premières esquisses, vérification des possibilités techniques). 

La commune envisage également faire appel au CAUE 56 qui pourra faire des préconisations, notamment sur les bâtiments actuels, en concertation avec les futurs habitants quant aux usages qui leur seront dédiés. Effectivement, ce sont surtout les habitants eux-mêmes qui seront les véritables maîtres d’ouvrage : ils imagineront les lieux, choisiront les usages, définiront les communs et décideront des formes d’habitat qui leur ressemblent.  

C’est un projet communal, bien sûr, mais c’est avant tout le projet des personnes qui viendront y vivre. Nous leur proposons un cadre, un accompagnement, mais c’est à elles de s’emparer du potentiel du site. 

Olivier Constant

En savoir plus 

Un premier rendez-vous est proposé le 7 juin pour présenter le projet aux personnes intéressées. 

Olivier Constant, maire, nous explique en quoi ce projet consiste dans un format audio de 10 minutes : habitatSilfiac.mp3

Contacts

• Olivier Constant, maire
• L’Echo Habitants

Rédigé en mai 2025