Parcé (35): un bar épicerie associatif qui redonne vie au bourg !

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Infos pratiques

Adhérent de 2007 à 2015
Maire : Laurent Legendre
Adresse : 1 Rue de la Bascule, 35210 Parce, France
Téléphone : 02 99 97 64 63
Nbre d’habitants : 700
Superficie : 17 km²
Intercommunalité : Fougères agglomération
www.parce.fr
Contact BRUDED : Mikael Laurent

Autres expériences de Parcé

La commune de Parcé (35) compte 660 habitants, elle dispose d’une école en RPI, une médiathèque et un salon de coiffure. Le dernier commerce (bar-restaurant) a fermé en 2019, sans trouver repreneur. Après un appel des élus, un groupe de citoyens décide de reprendre le commerce, en proposant une offre multi-services. Une étude sera lancée peu de temps après, pour étudier la faisabilité de l’embauche d’un(e) salarié(e). Aujourd’hui, le bar-épicerie trouve un écho jusqu’aux communes voisines.

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En 2019, après la fermeture du seul commerce du bourg, un bar-restaurant, la commune, propriétaire du bâtiment et du fonds de commerce depuis 2002, entame des travaux de réhabilitation pour permettre la reprise de l’activité par de nouveaux candidats. La crise sanitaire met à mal le projet et alors que les travaux n’étaient pas encore achevés, les futurs gérants se retirent du projet.

Entre-temps, une nouvelle équipe municipale prend ses fonctions en 2020. Les élus réfléchissent alors à un projet alternatif, et se rapprochent du pôle ESS du Pays de Fougères. En 2021, les échanges avec le pôle ESS aboutissent à différentes actions visant à impliquer les habitants de la commune dans le projet de réouverture du commerce multiservices.

Une première concertation et une ouverture rapide

Après la diffusion d’un questionnaire sur les attentes des habitants au cours de l’été, diffusé et analysé par une étudiante en BTS DATR – Développement et Animation des Territoires Ruraux (stage de 6 mois), une première réunion publique est organisée par la mairie en septembre. La seconde réunion publique, 15 jours plus tard, permet de mettre en place un groupe de travail qui se structure rapidement en association en novembre 2021, sous le nom de « Comm’Une Idée ».

Les résultats des questionnaires et de la réunion publique confirment l’intérêt d’un commerce multiservices. Le groupe d’habitants ré-ouvre le bar « Bar’Ille » en janvier 2022, en ouvrant les samedi et dimanche matin, et ponctuellement sur d’autres créneaux pour des animations. « Nous n’avons pas de fait de test d’activité, on a démarré direct !  Nous avons démarré avec l’activité bar et le dépôt/vente boulangerie », explique Jennifer Scimia, qui a la double casquette de conseillère municipale et de secrétaire de l’association Comm’une idée (co-présidente en 2024).

Une étude de marché et des visites

En parallèle, l’association sollicite de nouveau l’appui du pôle ESS pour approfondir la question du modèle économique du site. La mairie apporte son soutien lors de la présentation orale du dossier devant les élu.es du département, avec l’accompagnement du maire, Laurent Legendre pour défendre le projet. Une personne est recrutée à mi-temps en septembre 2022 pour mener une étude de marché qui interroge la question des jours d’ouverture, des produits, du type d’animations, etc. Dans ce cadre, cette personne visite des lieux similaires : Café Bulle (Vitré), Graines d’Oasis (Antrain), Bistrot Lab’ (Coesmes), Baz’art café (Bazouge-la-Pérouse), Champ commun et Grange aux livres (Augan), Baranoux (St-Senoux), Terra phoenix (Hédé-Bazouges). Des bénévoles de l’association visitent eux, L’aubépine (St-Mars-sur-la-Futaie), Le Guibra (Saint-Sulpice-la-Forêt), Fleuri’Délices (Fleurigné).

Le coût de l’étude est pris en charge par le département d’Ille-et-Vilaine, dans le cadre de l’aide à l’émergence des projets ESS, comme l’explique Jennifer Scimia « Nous avons obtenu 15 000€ pour l’étude de marché. La subvention a été versée au pôle ESS pour nous éviter d’avoir à gérer la partie RH en lien avec l’emploi de la personne en charge de l’étude ».

L’étude de marché finalisée en mars 2023 confirme l’intérêt de l’activité bar avec animations, ainsi que celui de l’épicerie. Toutefois, elle s’est achevée sur un ressenti mitigé. « On en attendait beaucoup, or ça n’a pas été facile d’encadrer la personne en charge de l’étude, il aurait fallu que nous soyons nous-mêmes accompagnés pour gérer cela », indique Jennifer Scimia, avec sa casquette de bénévole de l’association.

Des services qui se structurent progressivement

Le bar-café a ouvert en janvier 2022 avec une proposition d’animations : soirées à thème; jeux de cartes et concours de belote ; petits concerts. Une télévision a été installée un an plus tard, pour permettre de visionner les événements sportifs en famille et de diffuser de la musique. Les bénévoles ont imaginé un espace jeux pour enfants pour faciliter la venue des familles.

En août 2022, le Bar’ille propose une offre d’épicerie sur le principe d’un magasin de producteurs avec des produits locaux à prix coûtant pour les adhérents, sur les heures d’ouverture habituelles (vendredi soir de 18h à 20h, samedi matin de 9h à 11h et dimanche matin de 8h à 12h), et toujours, un fonctionnement basé sur du bénévolat. « Les personnes âgées viennent chercher leur pain, c’est un vrai service. Nous essayé de mettre en place un système de réservation via une boite aux lettres qui était belle… mais elle a été volée, et nous avons abandonné l’idée ! Les personnes réservent une semaine à l’avance, au Bar’Ille », commente Jennifer Scimia. A l’automne, décision est prise d’élargir les jours d’ouverture et de tester deux créneaux supplémentaires de 2h en semaine (mardi et jeudi) : les résultats ne seront pas probants, et ces nouveaux créneaux ne sont pas pérennisés. En mars 2023, l’offre s’étend à la vente de produits conventionnels de dépannage, et à la vente de produits frais, dont la gestion s’avère compliquée.

Fin 2023, le chiffre d’affaires du bar-épicerie avoisine aujourd’hui 15 000€/an. Le CA mensuel varie selon l’organisation d’animations, notamment musicales, qui impactent directement l’activité du bar « les veillées de pays nous ramènent beaucoup de monde ! », explique Jennifer.

Un fonctionnement basé sur du bénévolat

Pour faire fonctionner le lieu, l’idée de départ était d’aller vers une gestion salariée de l’épicerie et du bar. Aujourd’hui, l’association a choisi de maintenir un fonctionnement avec des bénévoles. « En voyant ce qui existait autour, finalement, le salariat était compliqué pour nous, nous avons mis de côté cette option pour l’instant », précise Jennifer Scimia. Le lieu fonctionne donc avec une équipe d’une douzaine de personnes investies, mais ce modèle a ses limites « c’est trop juste pour assurer toutes les permanences, même avec des horaires d’ouverture revus à la baisse en 2024 (2h samedi matin et 4h le dimanche) », précise Jennifer Scimia.

Partenariat mairie / association

La mairie est propriétaire du local et le loue à l’association sur la base d’un loyer mensuel progressif : 50€/mois en année 1, 100€/mois année 2, 150€/mois en année 3 , puis 200€/mois à partir de l’année 4, jusqu’au terme de la convention (charges non comprises). Un bail commercial a été rédigé et une convention de partenariat lie la commune à l’association, sur le modèle de convention de partenariat qu’a noué le café l’Epissure avec la commune d’Arzano.

En complément, la collectivité soutient l’association Comm’une idée en lui versant une subvention annuelle égale à celle versée aux autres associations : 200€ / an. Les services municipaux assurent une partie de la communication du Bar’Ille (impressions).

L’acceptation du projet

« Le projet fait réseau avec le territoire autour de nous. Pour programmer les animations, ça fait gagner du temps », explique Jennifer Scimia. Toutefois, la question de l’acception du lieu par les habitants eux-mêmes n’est pas simple, comme le dit Jennifer : « c’est un projet porté surtout par des nouveaux habitants. Il y a des anciens qui ne viendront pas parce qu’ils considèrent que c’est un projet de la nouvelle équipe municipale. On a la sensation que le rayonnement et la popularité du Bar’Ille est plus fort à l’extérieur qu’au sein de la commune, même s’il est devenu un vrai lieu de vie et de rencontres pour les nouveaux habitants ».

Perpectives

En dehors des horaires d’ouverture, le bâtiment n’est pas occupé. Le logement des anciens gérants situé à l’étage ne dispose pas d’un accès extérieur, ce qui ne permet pas actuellement d’y proposer un logement indépendant. Il pourrait être intéressant de rechercher une mutualisation du lieu avec d’autres associations, d’autres acteurs.

Avec le recul, les leçons à retenir !

Les porteurs de projet

  • veiller à ce qu’un projet de cet ordre ne soit pas uniquement porté par de nouveaux habitants (risque de manque de consensus dans la population)
  • vigilance sur le temps d’engagement des citoyens porteurs : plus limité pour des actifs que pour des personnes retraités (impact sur le suivi de l’étude de marché, et plus tard, sur la tenue des permanences : amplitude horaire)
  • côté élus, ne pas imposer aux porteurs de projet une vision trop tournée vers la rentabilité économique rapide du commerce

En tant qu’élus, il faut accepter qu’un tiers-lieu comme un bar-épicerie émane d’un processus social. Il faut prendre le temps de comprendre, pour ne pas imposer aux bénévoles les mêmes attentes que pour un commerce géré par un privé.

Jennifer Scimia

L’étude

  • vigilance sur le recrutement de la personne en charge de l’étude de marché : une personne qui connait le contexte n’est pas forcément la plus pertinente, privilégier les compétences attendues pour mener à bien l’étude
  • veiller à la bonne transmission des informations et au suivi global du projet de la personne en charge de l’étude, vers les bénévoles

Le modèle économique

  • anticiper les frais liés aux droits SACEM (diffusion de musique) et les frais de formation liés à l’utilisation de la licence 4
  • Penser à l’emplacement du commerce, et notamment au stationnement des voitures : s’il y en a trop, ça n’est pas qualitatif mais le défaut de stationnement est aussi un inconvénient
  • sur le volet épicerie, la gestion des stock et notamment celle des produits frais à DLC courte est difficile à assurer avec des temps de permanence et d’ouverture limités dans la semaine
  • le volet épicerie apporte peu de fonds à l’inverse de la partie bar : la licence 4 est un point essentiel

Financements (travaux de réhabilitation & étude de marché)

– Conseil départemental 35 : 60 000 € (aide à l’émergence des projets ESS).

– Fougères agglomération : 21 333 €

– Reste à charge pour la commune : 49 237 €.

Coût total de l’opération de 130 370 €

Rédaction février 2024

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